Le secrétaire général du FLN ne veut rien laisser aux autres Le remue-ménage dans les sphères du pouvoir, principalement autour du FLN et RND, bat son plein. Qui sera l'heureux élu pour décrocher la clé du Sénat? C'est la question que se pose tout un chacun dans les arcanes des deux partis de soutien au pouvoir et dans les couloirs étanches de prise de décision. Comme il s'agit du renouvellement le plus important dans la chambre haute du Parlement, la moitié de ses membres seront appelés à céder leurs places à d'autres, y compris le poste de son président parce que, depuis un certain moment, Abdelkader Bensalah n'est plus dans les calculs du président. Il semble que l'approche de distribution FLN-RND entre les deux chambres n'est plus en vigueur, depuis que Amar Saâdani a pris du poil de la bête. A côté, Ahmed Ouyahia présente une piètre mine de figurant, dans le sens où le SG du FLN va accaparer la prise de décision. Le première dispute se fera autour du poste qui relève en dernier ressort du président de la République. Puis, il y a le tiers désigné de la moitié du Sénat. Là aussi, il sera question de «zerda», d'intermédiaires qui vont passer le message à qui de droit pour leur offrir une place au soleil. Cela passe par les va-et-vient incessants dans les milieux opaques qui véhiculent les bons et mauvais messages. Il y a enfin les élus locaux qui vont entrer dans les batailles rangées pour arracher la clé du sésame. D'une part, il y a les alliances qui se font et se défont entre partis, surtout avec ceux qui ont du poids et dont les voix comptent lors de l'élection du grand collège. Viennent ensuite les «grands électeurs» qui se comptent logiquement dans les deux partis de la majorité, avec une nette avancée du FLN sur son adversaire le RND. Mais, là aussi, les jeux ne sont pas tranchés. On s'en souvient, il y a une dizaine d'années, le FLN avait perdu le poste alors qu'il avait la majorité à Chlef. Il est vrai que les walis n'ont plus les pouvoirs de cette époque, mais ce genre de vote obéit toujours aux choix qui se font en haut lieu. Les nouvelles donnes politiques compliquent l'opération de renouvellement du Sénat, dans la mesure où les endroits de prise de décision ont changé. Les changements opérés dans les officines qui étaient chargées de contrôler les listes de candidats ne sont plus opérationnels. Il ne reste donc que les couloirs partisans à prendre pour arriver à bonne destination. Ce qui donne à Saâdani et son entourage des atouts considérables. Et comme ce dernier conduit l'opération de recadrage des mouhafedhs à l'intérieur du pays, on peut facilement imaginer les courbettes, les «zerdas», ainsi que l'inévitable surenchère, puisque les anciens réflexes sont toujours là et il serait très difficile de leur expliquer que le siège au Sénat ne s'achète pas. Mon oeil... Même si au niveau de la direction des deux partis, on refuse ce genre de compromissions, à un niveau plus bas, les gens vendent et achètent comme par le passé, en promettant d'intervenir auprès de X ou de Y. Désormais, chacun est à l'affût d'un fil, aussi fragile soit-il, qui lui permet d'accéder au poste mirifique. Une situation qui donne des pouvoirs immenses aux deux chefs de parti, et à un degré moindre au MSP qui garde une capacité de nuisance appréciable. Lors des dernières locales, le FLN, qui était majoritaire dans certaines circonscriptions, avait perdu des mairies parce que les élus des autres partis avaient fait alliance entre eux contre le FLN; ce sera une occasion de prendre sa revanche si ces élus se mettent d'accord. Mais rien n'indique s'ils n'ont pas déjà vendu leur âme au diable. Tous ces éléments et d'autres compliquent la donne des sénatoriales. Mais l'on peut dire d'ores et déjà que les jeux sont faits, du moins au FLN, puisque Saâdani est sorti vainqueur du bras de fer qui l'opposait à ses détracteurs qui se sont subitement tus depuis qu'il a prouvé le bien-fondé de sa lecture des événements.