Une réponse à demi-mot «Des puissances occidentales et leurs relais veulent faire du pays une chasse gardée entièrement dépendante, comme le Bénin.» Dans un contexte de crise qualifiée «d'extrêmement grave», Makri prévient les conséquences de ce qu'il appelle, «des desseins inavoués du pouvoir en place». «Des personnes au sein des institutions de l'Etat et en dehors veulent vendre le pays», a déclaré hier le président du MSP, Abderrazak Makri, à l'ouverture des travaux de la réunion des présidents des bureaux exécutifs locaux de sa formation, tenue au siège du parti à Alger.«Des puissances occidentales en collaboration avec leurs relais locaux affichent une volonté de faire du pays une chasse gardée entièrement dépendante, à l'image du Bénin en Afrique de l' Ouest, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, et à défaut exécuter sa partition». «Dans leur lutte de déclassement de la Chine en Afrique, les Occidentaux s'attellent à transformer par le biais du libéralisme capitaliste la région (l' Afrique du Nord...Ndlr) d'une zone d'influence en zone de dépendance économique exclusive», a-t-il souligné. «La zone en question sera gérée par la France sous influence américaine», a-t-il ajouté. Cela est illustré par «l'arrêté du ministère de la Défense nationale, publié au Journal officiel de la République française le 1er octobre, révélant la présence opérationnelle des soldats français dans 12 pays africains dont l'Algérie concernés par l'opération Barkhane», a-t-il indiqué. «Le projet de réforme économique dont se gargarise le régime en place consiste à remplacer le monopole public par le monopole privé», a-t-il dit. Le patron du MSP a fait savoir que «contrairement à la politique économique bâtie essentiellement sur les petites et moyennes entreprises en vigueur dans leurs pays respectifs, tous les ambassadeurs de ces pays en Algérie, reçus au siège de son parti à leur demande, ont défendu bec et ongles la mise en place de monopoles en faveur d'une poignée d'hommes d'affaires privilégiés». A terme, «les desseins du pouvoir et de ses acolytes étrangers ne pourront aboutir car le peuple algérien, vaillant héritier du Mouvement national et de la guerre d'indépendance, et vigile des principes de la déclaration du 1er Novembre 1954, n'acceptera jamais de se plier devant ce fait accompli et ceux qui croient à la résignation du peuple se trompent lourdement», dixit Makri. D'après le chef du MSP, «cette situation est semblable à celle ayant prévalu en Egypte avant la révolution: Moubarek a tenté en vain de liguer tous les hommes d'affaires autour de son fils, affaiblir et diviser l'armée, etc». En tout état de cause, Makri martèle que «le MSP en particulier et les partis de l'opposition en général ne sont pas prêts à faire la moindre concession avant d'avoir reçu des garanties concrètes quant à la mise en place effective d'une réelle transition démocratique». «Avant toute chose, l'installation d'une instance indépendante de la gestion des élections doit être le premier pas, car la fraude est la mère de toutes les corruptions», estime-t-il. Par la suite il sera question «de passer au processus électoral, l'élaboration d'une Constitution consensuelle et la désignation d'un gouvernement d'unité nationale qui se chargera des réformes économiques», indique-t-il. En évoquant la crise économique qui secoue actuellement le pays, il indique que «le temps a donné raison au MSP», citant ses prévisions anticipées dans ce sens, confiées au Premier ministre, Abdelmalek Sellal lors d'une rencontre tenue au Palais du gouvernement, il y a trois ans de cela, à propos de l'avènement inexorable d'une grave crise économique». Par ailleurs, Makri, affirme qu'»il est pratiquement impossible que le gouvernement puisse maintenir au même niveau ses dépenses affectées aux subventions et aux transferts sociaux». Dans ce contexte, il a mis en garde contre «la politique d'austérité inavouée», menée en solo par le gouvernement car, indique-t-il, «toute transition économique passe par une période difficile d'au moins trois ans, dont la réussite est tributaire du resserrement des rangs de toutes les forces politiques». Enfin, Makri a qualifié les prétextes de la présidence à propos du démantèlement et de la restructuration du département du renseignement et de la sécurité d'«insensés et sans aucun fondement». «Si l'objectif annoncé est la civilisation de l'Etat, du pouvoir, qui gouvernait alors?», s'est-il interrogé.