Au moment où le théâtre algérien connaît une crise, le comédien se voit couronné pour son talent d'acteur, en France... La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a présidé mercredi dernier au niveau du Centre international de presse (CIP), la cérémonie de remise du prix du meilleur rôle masculin du Festival international du film d'Amiens à l'acteur émérite et grand amoureux des planches Sid Ali Kouiret, pour son rôle émouvant dans le film Les suspects du réalisateur Kamel Dehane, d'après le roman Les Vigiles de Tahar Djaout. Une cérémonie à laquelle ont pris part, outre Khalida Toumi, ministre de la Culture, flanquée d'Abdelkrim Aït Oumeziane, directeur fraîchement installé à la tête du CNC (Centre national du cinéma algérien), un certain nombre de professionnels du secteur audiovisuel et cinématographique. Fidèle à sa bonhomie et son humilité, Sid Ali Kouiret qui s'est franchement «distingué», en effet, dans les Suspects, nous dévoilera en aparté qu'il préfère à cette distinction le bonjour des Algériens qui l'accostent dans la rue. «Après tout, la distinction c'est le public qui vous la donne, bien sûr c'est une belle reconnaissance quand je suis accueilli dans la rue ou quand dans un marché, les marchands refusent que je les paye. Ça, c'est la distinction, c'est l'inspiration de tous les artistes car quand quelqu'un n'a pas de public, ce n'est pas un artiste». De son côté, le réalisateur confiera être très fier du fait «que ce que nous produisons ait du succès à l'étranger et comme disait madame la ministre, cela peut être comparé à des productions internationales. Quand on arrive à avoir deux distinctions sur cinq, c'est pas mal. Le 3e prix devait revenir à Nadia Kaci, mais cela faisait trop. C'est pourquoi je dis qu'il faut positiver, voir ce qui est bien en nous pour pouvoir avancer...». Le réalisateur nous confiera que ce film sera prochainement projeté en Algérie, tout en révélant qu'il compte réaliser un film sentimental en Algérie. La ministre, tout en soulignant le succès du film a encouragé «les artistes qui ont été les meilleurs ambassadeurs de l'Algérie à l'étranger». Et d'ajouter: «Grâce aux aides affectées par la ministère de la Culture, 13 films ont été réalisés cette année.» Pour rappel, Sid Ali Kouiret a reçu ce prix pour le rôle qu'il a magistralement interprété, celui du moudjahid Menaour, encore traumatisé par les affres de la guerre de Libération nationale. Il ira se soigner chez un psychologue (Nadia Kaci) qui écrira un livre sur Les mémoires blessées par la guerre. Film complexe, les Suspects a eu beaucoup de succès pour la qualité du sujet qui traite : le combat continu des Algériens «pour sortir l'Algérie de la crise multiforme qu'elle traverse». Il évoque de plus l'hypocrisie sociale et morale qui régnait au début des années 90, avec la montée du terrorisme, joignant la douleur du passé à celle de la peur du présent. A propos du film, le réalisateur avait déclaré lors d'un point de presse animé l'an dernier: «Vouloir montrer la mécanique des choses. Comment on en est arrivé là, comment on arrive à convaincre qu'une telle situation est juste.» Un courage de dire qui est la source de son mérite et de son succès.