Une bipartite est prévue prochainement avec le gouvernement pour faire le point sur les grands dossiers. L'Unpa, au moment de fêter son trentième anniversaire, a jeté un véritable pavé dans la mare en s'opposant publiquement à l'importation de viande fraîche. L'Union, très puissante au demeurant, promet de provoquer pas mal de «chambardements» au sein de la coalition gouvernementale (lire ci-dessous l'article de Mohamed Abdoun). Toujours est-il que l'Union nationale des paysans algériens (Unpa) fête ses trente années d'existence avec un sentiment d'inachevé. Les responsables du syndicat national des agriculteurs l'ont souligné, hier, dans une conférence de presse qu'ils ont animée, à cette occasion à Alger. La production agricole nationale dont le gouvernement semble faire une priorité, demeure, de leur avis, assez fragile pour ne pas dire, au bout du compte, à la traîne. Nonobstant les mesures, «salutaires» prises depuis quelques années par le président de la République lui-même, dont la suppression des 17 milliards de dinars de dettes des agriculteurs que les membres de l'Unpa saluent unanimement, le constat dressé par Mohamed Alioui, le SG de cette structure, fait état, quant à lui, de nombreux problèmes face auxquels les pouvoirs publics affichent leur impuissance. Il s'agit, en premier lieu, du pillage des terres agricoles pratiqué à grande échelle par les entreprises industrielles, mais aussi par les particuliers. Aucun chiffre cependant n'a été donné par le conférencier. M.Alioui s'est borné, tout même, à rappeler aux pouvoirs publics leur devoir de sanctionner les «pillards». Car, la propriété du foncier agricole, dans le cadre de la loi 19/87 demeure du domaine de l'Etat. Le second point sur lequel a focalisé avec beaucoup d'intérêt le patron du syndicat, a trait à l'importation des produits agricoles que ce dernier qualifie, sans ambages, d'«excessive». L'exemple de la facture qui se chiffre à 700 millions de dollars d'importation en produits laitiers est, d'après lui, patent. Le recours à l'importation sous prétexte de propagation de la spéculation dans les marchés, comme ce fut le cas pour l'importation des viandes fraîches, au cours du mois de Ramadan dernier, est une démarche que l'orateur considère comme inappropriée et nuisible à l'économie nationale. Car, «si l'Unpa a fermé les yeux [sur l'importation des viandes fraîches, Ndlr] en raison de la mainmise des intermédiaires sur les marchés, elle ne saura dorénavant soutenir une mesure aussi nuisible pour les agriculteurs». De là, se pose, avec la même acuité, la problématique de la protection du produit national, mission dévolue à l'Etat. Une démarche, suggère le SG de l'Unpa, qui passe par la révision, de fond en comble, des conditions socioprofessionnelles du fellah comme la suppression des taxes forfaitaires, l'octroi des crédits bancaires, la valorisation de la retraite...pour ne citer que ces quelques exemples. M.Alioui pense en outre qu'à l'aune de la mondialisation et de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le moment est venu pour que l'Etat mette le holà à la commercialisation des produits agricoles. L'«insoluble» question relative à l'anarchie caractérisant la distribution de la production doit, elle aussi, trouver une solution. Le conférencier préconise de réserver exclusivement les marchés publics aux agriculteurs «qui souffrent, dit-il, du diktat des spéculateurs et des autres intermédiaires, les grands bénéficiaires de surcroît». M.Alioui annonce dans la foulée qu'une bipartite avec le gouvernement est prévue prochainement pour étudier un certain nombre de dossiers comme celui relatif au foncier agricole, les conditions socioprofessionnelles des agriculteurs, le développement des zones rurales...