La relance de la production nationale comme pierre angulaire Le Premier ministre qui a présidé, hier à Biskra, la 18e tripartite a réitéré l'engagement de l'Etat à protéger les couches sensibles de la société et encourager l'investissement malgré la situation économique actuelle. Il en a aussi profité pour lancer quelques flèches empoisonnées, notamment en direction de l'opposition... 2016 sera l'année de la croissance et non de l'austérité! Voilà le message fort qu'a voulu lancer le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de l'ouverture de la tripartite qu'il a présidée hier à Biskra (Sud algérien). «Nous nous sommes engagés à dire la vérité aux Algériens. Cette vérité, c'est tabler sur un baril à 45 dollars comme base d'élaboration de la loi de finances pour 2016 qui ira dans le sens de la croissance et non celui de l'austérité», a-t-il affirmé sans ambages. «Nous avons largement les capacités de résister et de nous améliorer», a-t-il poursuivi non sans révéler que l'objectif de croissance pour 2016 a été fixé à 4,6%. «Les dispositions contenues dans les avant-projets de lois de finances, complémentaire pour 2015, et celle de 2016 visent à l'optimisation des recettes du budget de l'Etat, une plus grande rationalisation des dépenses, le soutien aux entreprises, la facilitation de l'investissement ainsi que l'encouragement du secteur national productif», explique-t-il. «Les efforts de rationalisation seront ciblés et épargneront les couches défavorisées car nous sommes pour un Etat fort, régulateur d'une société libre dans ses initiatives et solidaire des plus faibles», insiste le Premier ministre. «La démarche du gouvernement vise particulièrement l'amélioration et la préservation du pouvoir d'achat des Algériens, ainsi que la poursuite de l'effort en matière d'action sociale et des programmes dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation», a-t-il encore rassuré les citoyens avant de lancer également des signaux forts aux investisseurs qui, selon lui, sans eux l'objectif de croissance et de diversification de notre économie ne pourra jamais être réalisé. Abdelmalek Sellal rappelle à cet effet les mesures prises pour faciliter l'investissement. Il cite entre autres, l'encouragement des établissements financiers à soutenir les entrepreneurs porteurs de projets à travers les crédits à l'économie. D'ailleurs, il a appelé les banques publiques à rationaliser la gestion des crédits à l'économie et les banques privées à participer à l'effort de développement national et ne pas se cantonner dans le financement du commerce extérieur. Sellal assure également que le problème du foncier industriel est en train d'être réglé avec la mise en place d'une procédure simplifiée pour encadrer sa gestion. Le Premier ministre a lancé quelques flèches empoisonnées en direction de ses détracteurs mais aussi pour éclaircir quelques «ambiguités». Il commence ainsi par répondre aux puissances occidentales qui réclament la révision de la règle du 51-49%. Il répond sèchement qu'il n'est pas question de revoir cette règle de souveraineté nationale. «L'avant-projet de loi relative à la promotion de l'investissement introduit de nouvelles dispositions incitatives tout en clarifiant et en assouplissant les règles d'investissement avec le maintien du 51-49%», révèle-t-il. Abdelmalek Sellal s'attaque aussi à ceux qui détiennent certains monopoles dans des domaines économiques, une attaque à peine voilée contre l'homme d'affaires Issad Rebrab. «Notre patriotisme économique implique le soutien à tous les opérateurs nationaux à condition qu'ils respectent les règles et qu'ils n'aient pas de monopoles et de pratiques de concurrence déloyales», avertit-il. «Nous ne sommes pas contre l'enrichissement des gens, mais que cela ne se fasse pas au détriment de l'Algérie...», rétorque t-il avec colère. Dans le même registre, il a tenu à rassurer les acteurs de l'informel sur le fait qu'ils ne risquaient rien en bancarisant leur argent. «Je les encourage vivement à déposer en toute confiance leurs avoirs dans les banques et à déclarer leurs salariés non pas parce qu'ils sont obligés de le faire, mais parce qu'ils y trouveront avantage et pourront investir leurs moyens financiers dans le secteur productif», a-t-il attesté. A ce propos, le Premier ministre Abdelmalek Sellal certifie qu'«une approche franche, sincère et honnête est développée en direction des acteurs de la sphère informelle pour les mettre en confiance et leur permettre de régulariser leur situation à travers des dispositifs de mise en conformité simples, transparents et sans implications autre qu'un droit minime dont ils doivent s'acquitter». Sellal a garanti, en outre, qu'«il n'y aura aucune poursuite judiciaire ni fiscale contre ces acteurs». Il a aussi démenti les rumeurs indiquant que l'Etat veut changer sa monnaie pour s'accaparer de l'argent circulant dans le secteur informel. «C'est faux, ce n'est que des rumeurs, nous n'envisageons pas de changer notre monnaie», fait-il savoir. Il rappelle à ce sujet les «conseils» qu'ils ont donnés à l'Etat qui s'est abstenu de les appliquer. «Face à la contraction des ressources financières», a-t-il observé, «le réflexe primaire ainsi que le calcul froid et cynique prôné par certains analystes. «L'Algérie ne vacillera jamais avec le président Bouteflika et son gouvernement est là pour servir le peuple et défendre la pérennité de l'Etat quel qu'en soit le prix...», conclut-il avec plein d'espoir et d'optimisme. Dans une allusion aux propos du ministre tunisien de la défense «L'Algérie exporte de la paix et non des terroristes» Abdelmalek Sellal répond aux Tunisiens en rappelant que l'une «des vertus de la Réconciliation nationale qui a permis au pays d'être exportateur de paix et de stabilité tout en précisant que le nombre infime de terroristes algériens recensés au sein de l'organisation Daesh en est la meilleure preuve». Il y a quelques jours, le ministre tunisien de la Défense a commis une grave bourde dans les colonnes du quotidien arabophone basé à Londres Asharq Al-Awsat. Farhat Horchani, a déclaré que «le terrorisme, qui représente l'un des plus grands défis de son pays, n'est pas endogène, mais il provient des frontières avec la Libye et l'Algérie», avant de se rétracter, affirmant qu'il n'a jamais tenu de tels propos mais le coup était déjà parti. A Alger, la sortie inattendue de M. Horchani a soulevé un tollé, tant les propos étaient très mal appréciés, surtout venant du voisin tunisien.