Un colloque international portant sur la décentralisation au service du développement local s'est ouvert, hier, à l'auditorium de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Etalés sur deux jours, hier et aujourd'hui, les travaux ont démarré en présence des autorités locales dont le wali, les représentants du P/APW et le P/APC de Tizi Ouzou, ainsi que le recteur de l'université et une belle brochette de chercheurs et professeurs d'universités tant algériens qu'étrangers, ainsi que l'attaché aux Affaires économiques auprès de l'ambassade de France à Alger. Aidée par un comité d'organisation des chercheurs et des enseignants de l'université Mouloud Mammeri, Mme Malika Ahmed Zaïd-Chertouk, maître de conférence à la faculté des sciences économiques et de gestion, a chapeauté le colloque qui a réuni aussi bien des chercheurs du Cread à Alger, des experts consultants et des enseignants à l'ENA (Alger) ainsi que ceux de l'université organisatrice: celle de Tizi Ouzou. D'éminents professeurs et chercheurs venus de diverses universités françaises: Paris 1, Paris X, Strasbourg, Rennes, Grenoble et de Suisse, à l'image du professeur français Grin de l'université de Genève, ont eu à donner des communications autour de la décentralisation. Ainsi, le professeur Xavier Greffe, directeur de recherche au Cnrs et professeur à l'université Paris 1, est intervenu sur l'analyse économique de la décentralisation, alors que M. Pierre Eckly, professeur à l'université R. Schumman de Strasbourg et président de l'académie de coopération transfrontalière, est intervenu autour de l'éthique de la décentralisation. Plusieurs autres conférences sont données dont celles du professeur, M.C. Belmihoub, sur le thème Réforme institutionnelle et gouvernance locale ou encore celle du professeur Nicole Mathieu qui a abordé les politiques territoriales, en se posant la question de savoir si celles-ci n'engendrent pas plus de responsabilités dans la gestion d'un territoire. Toutes les thématiques abordées tournent autour de la décentralisation. Un sujet longtemps otage des politiques, longtemps considéré comme un concept sulfureux et ayant surgi dans le débat national ces dernières années, va ainsi, au cours de ce colloque, être «disséqué, analysé, étudié...». Le professeur Essaïd Taïb de l'ENA (Alger) va plus loin, en pensant à la régionalisation en Algérie. Il explique que ce concept occupe depuis quelque temps le débat politique et fait remarquer que cependant, la notion a toujours constitué une thématique récurrente. Pour lui, «la régionalisation, ou plutôt l'espace régional actuel, remonte, historiquement, à la présence turque en Algérie, avec les régions est, centre et ouest», puis d'ajouter que «pour diverses raisons, la région est perçue comme un concept sulfureux... même si sa réalité géographique, historique, sociologique, économique ou culturelle, voire même politique, est indéniable...». Ainsi, la décentralisation, longtemps suspectée de préparer le «mauvais régionalisme» finira bien par être rendue plus accessible à tous après ce colloque. La faculté vient ainsi de donner un sérieux coup de main au débat politique national.