Les pays des Balkans, exposés à l'afflux de migrants, étaient mis au défi, dès hier, de mieux travailler ensemble pour juguler cette crise sans précédent, comme ils s'y sont engagés lors d'un mini-sommet à Bruxelles. Les dirigeants de dix Etats membres de l'UE ainsi que la Serbie, la Macédoine et l'Albanie, réunis jusque tard dimanche autour du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, sont finalement tombés d'accord sur un plan d'urgence qui mêle aide humanitaire aux milliers de migrants et réfugiés transitant par leurs territoires et mesures visant à mieux contrôler les déplacements sur la route des Balkans de l'Ouest. Cette coopération renforcée est censée prendre effet dès hier alors que l'exode sur cet itinéraire qui part de Turquie et de Grèce vers le nord de l'UE ne faiblit pas. L'une des principales propositions vise à créer rapidement 100.000 places d'accueil pour les réfugiés en Grèce et dans les Balkans car «on ne peut pas laisser les gens livrés à eux-mêmes, dormir dans les champs en 2015», a expliqué M.Juncker, à l'issue de la rencontre. Sur ces 100.000 places, la Grèce en ouvrira 30.000 d'ici à la fin de l'année avec l'aide du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Dans un deuxième temps, 20.000 places seront créées dans le pays au sein de «familles d'accueil» et dans des logements subventionnés par le HCR. Les 50.000 places restantes seront installées le long de la route des Balkans en coordination avec l'ONU, selon une répartition qui reste à définir et pourrait faire l'objet de nouvelles tractations laborieuses. Le président macédonien Gjorgje Ivanov a ainsi prévenu hier que son pays, étape suivant l'arrivée en Grèce, pourrait «accueillir un maximum de 2.000 migrants», ajoutant que la Macédoine coopérerait «en tant que pays de transit, pas en tant que pays où les migrants séjourneraient à long terme». Le sommet de Bruxelles avait précisément pour but de faire baisser la tension et améliorer la coopération entre pays des Balkans qui s'accusent mutuellement de mal gérer l'arrivée de ces milliers de demandeurs d'asile dans une région qui reste marquée par les tensions nées de la guerre de Yougoslavie dans les années 90. La circonspection demeurait de mise après le sommet dont les propositions, «en théorie, pourraient ralentir l'afflux grâce à une procédure un peu plus rigoureuse, mais à la condition que tout fonctionne aussi en Grèce, en Macédoine et en Serbie», a réagi le Premier ministre croate Zoran Milanovic. Entre minuit et les premières heures de la matinée hier, la Croatie avait déjà vu 9000 personnes passer sa frontière, après une journée record samedi où 11.500 arrivées avaient été comptabilisées, hommes, femmes, enfants fuyant notamment les violences en Syrie, en Afghanistan, en Irak. «Il est crucial que les engagements du sommet soient tenus (...) J'espère que les Etats voisins, notamment la Croatie, vont remplir les leurs», avait commenté à Bruxelles le Premier ministre slovène Miro Cerar. Sans mesure immédiate, «l'UE tout entière allait commencer à s'effondrer», avait-il estimé auparavant. Nouvelle zone de transit depuis que la Hongrie a fermé ses frontières aux migrants, la Slovénie avait également annoncé dimanche un nouveau record journalier avec 15.000 passages, soit 73.000 arrivées en dix jours dans ce petit pays de deux millions d'habitants. Selon l'accord conclu lors du sommet, la Slovénie va bénéficier de l'envoi d'un contingent de 400 garde-frontière pour assister ses forces de l'ordre. Des échanges quotidiens d'informations entre pays voisins, notamment pour avertir des mouvements d'un territoire à l'autre, sont aussi prévus. Pour mettre en oeuvre l'engagement de créer à court terme 30.000 places d'hébergement, le ministre grec à la politique migratoire, Iannis Mouzalas, a dit hier que la Grèce espérait ouvrir deux centres d'accueil dans la région d'Athènes et en Macédoine (nord) avec l'aide financière promise par l'UE.