Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, visitant le Salon La 20e édition du Salon international du livre a été l'occasion pour le Premier ministre de revenir sur les problèmes que connaît le secteur du livre et de l'édition. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a procédé, hier dans l'après-midi, à l'ouverture officielle du Salon international du livre d'Alger. Compte tenu de l'importance de cette manifestation culturelle d'envergure mondiale et qui demeure l'un des rendez-vous les plus marquants de la vie culturelle en Algérie, Abdelmalek Sellal s'est fait accompagner par plusieurs ministres dont Nouria Benghebrit, Aïcha Tagabou, Mohamed Aïssa, Hamid Grine, etc. D'un stand à un autre, le Premier ministre a rendu visite à plusieurs éditeurs algériens et étrangers, notamment Casbah, Chihab, Khettab, l'Anep, etc., et, à travers des échanges à bâtons rompus avec eux, plusieurs questions relatives au monde du livre ont été abordées. En effet, Abdelmalek Sellal a mis le doigt, dans un premier temps, sur la nécessité d'aller vers la coédition entre les éditeurs algériens mais aussi entre ceux-ci et les éditeurs étrangers. «Il faut encourager la coédition. La coopération entre les professionnels du métier est importante. Il faut s'ouvrir sur les autres éditeurs», a-t-il déclaré à ce sujet. Abdelmalek Sellal a également évoqué la nécessité de la traduction pour rendre disponibles les ouvrages d'auteurs algériens dans les trois langues: français, arabe et tamazight. «La traduction est importante. Il faut que tous les livres édités en Algérie soient disponibles dans les trois langues: français, arabe et tamazight. L'Etat est là pour accompagner les éditeurs dans ce sens. Mais pas seulement. Il faut aussi penser à traduire les ouvrages algériens vers d'autres langues pour exporter notre culture. Nous devons exporter notre culture», a-t-il recommandé sous les regards approbateurs des éditeurs présents sur les lieux. Sur ce volet, il a vivement insisté sur la traduction à tamazight qui reste, pour l'heure, marginale dans le domaine de l'édition. De plus, en saisissant un livre qu'il a tourné et retourné dans ses mains, le Premier ministre a plaidé pour «une meilleure qualité en matière d'impression du livre». Devant les stands des livres religieux, Sellal s'est contenté de parler de l'impression du Coran. En effet, il a recommandé à ce que «des efforts soient faits de la part aussi bien des éditeurs que de l'Etat pour que 90% des besoins nationaux en Coran soient produits localement». Il n'a pas donné de chiffre, mais très demandé sur le marché du livre, le Coran coûte sans nul doute une facture importante en importation à l'Etat. Le Premier ministre a, par ailleurs, abordé le cas du livre pour enfant. «Le livre pour enfant est très important parce que, c'est à cette période que la lecture s'apprend. Il existe beaucoup de déficits en la matière. Des efforts doivent donc être faits pour y remédier», a-t-il indiqué. Le problème de la diffusion et de la distribution, qui restent le maillon faible de la chaîne du livre en Algérie, n'a pas été évoqué par le Premier ministre. Ce problème dont se plaignent tous les éditeurs, reste toujours posé malgré les tentatives répétitives pour le régler. Il est vrai que le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a promis de trouver des solutions à ce problème à travers notamment la mise en place, dans le cadre des dispositifs d'aide à l'emploi de jeune, d'entreprise de distribution du livre ainsi que le lancement de deux revues consacrées exclusivement à la culture, Thakafat et Kitabat. Néanmoins, en attendant que cette entreprise se mette en branle le problème reste posé et il l'est d'autant plus que les livres les plus vendus en Algérie sont généralement publiés à l'étranger et promus par des médias étrangers. Sur ce point, Brahim Sadi, docteur en philosophie, essayiste et romancier, regrette que «de tous les écrivains algériens connus en Algérie et ailleurs, personne ne doive sa renommée aux médias nationaux et, partant, à l'Algérie». «Beaucoup de travail reste à faire de ce point de vue et, à mon avis, c'est à ce niveau que l'Etat doit intervenir et non pas en subventionnant des livres qui, pour la plupart, ne sont lus par personne,» a-t-il indiqué, soutenu en cela par plusieurs éditeurs dont El Maârifa, Frantz Fanon, Tafat, Arak, etc. De ce fait, en plus de la coédition, de la traduction, du livre pour enfant et de la qualité de l'impression, points cités par le Premier ministre, il convient, soutiennent ces éditeurs, qu'une politique volontariste de l'Etat soit mise en place pour soutenir la diffusion et la distribution du livre à l'échelle nationale.