«Le moment est venu d'investir en Algérie. C'est un marché potentiellement intéressant.» dixit André von Graffenried, ambassadeur de Suisse à Alger. Avec l'Algérie, la Suisse ne fait pas de politique mais des affaires. C'est ainsi que peut être interprétée la première visite officielle d'un chef d'Etat algérien depuis l'indépendance du pays. Suisses et Algériens sont unanimes pour dire que cette étape marquera un tournant dans la coopération entre les deux pays. «L'année commence sous de bons auspices, puisque le commerce entre l'Algérie et la Suisse a augmenté de 30%», a déclaré Joseph Deiss, président de la Confédération helvétique, lors d'un point de presse animé conjointement avec Abdelaziz Bouteflika. Joseph Deiss s'est félicité, dans ce contexte, de la signature de l'accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements qui a pour but de donner des garanties supplémentaires aux entreprises suisses en Algérie, «ce qui est, a-t-il dit, une dimension supplémentaire importante dans nos relations économiques». «Désormais les entreprises suisses pourront avoir davantage confiance dans notre pays» a déclaré l'ambassadeur d'Algérie à Berne, M.Kamel Houhou. Un plan de coopération dans les domaines de la recherche et de la formation professionnelle va être mis en chantier et devrait être signé au début de 2005 qui devrait aboutir à une amélioration de la coopération dans les deux domaines précités. Le président Deiss a, en outre, indiqué que les discussions avec la partie algérienne ont porté également sur d'éventuelles négociations sur un accord de libre-échange entre l'Algérie et l'Association européenne de libre-échange (Aele). Le président Deiss a affirmé, par ailleurs, que son pays soutient la candidature algérienne à l'OMC, ajoutant: «Nous sommes en discussion avec l'Algérie au niveau bilatéral». Pour le porte-parole de l'Organisation patronale suisse «Economiesuisse», Florian Roduit, la signature de l'accord «répond à une des exigences fondamentales posées par les investisseurs et contribuera à donner un nouvel élan aux négociations pour l'entrée de l'Algérie à l'OMC ainsi qu'aux réformes souhaitées par le FMI». De ce fait, il est aisé de déduire que les deux pays ont à coeur le développement des relations économiques. Toutefois, le chef de l'Etat a précisé que le niveau actuel des échanges «ne reflète pas les potentialités que recèlent les économies des deux pays», tout en mettant en exergue les opportunités d'affaires existantes en Algérie. M.Bouteflika a rappelé que les investisseurs suisses disposent de garanties bilatérales, à l'instar de l'accord signé en la matière entre les deux pays, et celles internationales. «L'Algérie souscrit entièrement à toutes les garanties, d'où qu'elles viennent, pour permettre au capital de s'investir chez elle, dans un pays qui entre dans la mondialisation avec toutes ses contraintes et avantages», a-t-il précisé. Cependant, Bouteflika regrette le manque d'empressement des opérateurs économiques helvétiques à s'installer en Algérie. «Les investissements suisses sont actuellement bien au-dessous du potentiel de l'Algérie», a-t-il affirmé. Et d'ajouter: «Il y a certainement beaucoup d'argent à gagner pour un pays comme la Suisse», en rappelant le 2e plan de mise à niveau économique et social, étalé de 2004 à 2009, et doté d'une enveloppe budgétaire de 50 milliards de dollars. Devant le peu d'empressement des opérateurs helvétiques, le gouvernement suisse souligne que son rôle consiste, avant tout, à mettre au point un cadre légal qui facilite les échanges. Il appartient au secteur privé, affirme Berne, de se lancer à la découverte du marché algérien. A ce sujet, le président de la Confédération n'a pas pu offrir de garantie quant au retour d'une desserte sur Alger par la compagnie aérienne Swiss. «Même si la Confédération en est actionnaire, Swiss est une compagnie privée et il appartient à son conseil d'administration de choisir ses destinations», a-t-il déclaré.