C'est la première visite d'Etat d'un président algérien au pays de Guillaume Tell. Aussitôt rentré de Ouagadougou où il a pris part au 10e sommet de l'Organisation internationale de la francophonie, le chef de l'Etat reprend son bâton de pèlerin pour se rendre demain en Suisse au pays de Guillaume Tell et effectuer la première visite d'Etat d'un président algérien dans la Confédération helvétique. C'est sur invitation du secrétaire d'Etat Franz von Däniken en visite à Alger au mois de juin passé que le président de la République se rend en Suisse pour parfaire le cadre juridique de la coopération entre les deux pays. Franz von Däniken a exprimé au ministre algérien des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem «l'intérêt de la Suisse pour le rôle de l'Algérie au sein du Conseil de sécurité». La présence aujourd'hui d'Abdelaziz Bouteflika sur le sol helvétique traduit la ferme volonté d'un rapprochement entre l'Algérie et la Suisse mise quelque peu à mal par la permissivité suisse quant à la présence de dirigeants de l'ex-FIS sur le sol helvétique, à l'instar de Mourad Dhina. En réaction à la protestation de Mohamed-Salah Dembri, représentant de l'Algérie auprès de l'ONU, au lendemain du congrès bruxellois qui avait vu Dhina élu à la présidence de l'instance dirigeante à l'étranger de l'ex-FIS, les autorités suisses avaient mis en garde le militant de l'ex-FIS. «Le conseil fédéral ne saurait tolérer que le conflit opposant le gouvernement algérien au FIS soit attisé par des figures de proue du FIS vivant en Suisse» et «ne peut admettre que la sécurité intérieure d'autres Etats soit menacée directement ou indirectement depuis le territoire suisse», avaient déclaré les autorités, justifiant cette limitation des activités politiques de Dhina par le fait qu'il pouvait porter atteinte à la sécurité d'un Etat étranger et, de fait, elles lui défendaient de «justifier, d'encourager ou de soutenir matériellement des actes relevant du terrorisme ou de l'extrémisme violent qui visent à troubler l'ordre en Algérie». Depuis et dans le cadre de la relance de la coopération algéro-suisse, les gouvernements helvétique et algérien sont arrivés à mettre en place une plate-forme visant à relancer les projets, notamment ceux ayant un caractère environnemental. Dans ce contexte, un expert de la Direction du développement de la coopération relevant du ministère suisse des Affaires étrangères, M.Hans Schelenberg, a séjourné en Algérie à l'invitation du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Saisissant cette occasion, le fonctionnaire helvétique avait souligné le désir de son gouvernement et notamment de son département de tisser de nouveaux liens et d'être plus actif. Au plan de la coopération, plusieurs accords ont été signés entre les deux gouvernements, entrant, entre autres, dans le cadre du dialogue politique bilatéral et l'«encadrement des transports». Tandis que le groupe helvético-suédois, ABB, a annoncé le 22 juillet avoir été mandaté par Sonelgaz pour moderniser le réseau de distribution électrique algérien. Le contrat porte sur 85 millions de dollars. Néanmoins, il demeure que plusieurs autres sont des contrats en préparation, notamment ceux portant sur l'encouragement aux investissements et la circulation des personnes, voire un accord de «réadmission» en Algérie des ressortissants algériens refoulés par la Suisse, notamment les demandeurs d'asile déboutés, ce qui impliquerait que la Suisse considère désormais officiellement l'Algérie comme un «pays sûr».