Les chefs de file de la diplomatie mondiale se penchent à Vienne sur le conflit syrien Les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien, dont les USA, la Russie, l'Iran et l'Arabie, ont entamé hier à Vienne des pourparlers sur les possibilités de règlement politique du conflit qui fait rage depuis plus de quatre ans. La réunion s'est ouverte, dans un grand hôtel de la capitale autrichienne, vers 10H00 locale (9H00 GMT) et même si aucun accord décisif sur l'avenir de l'actuel régime syrien n'est attendu à ce stade, la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes est perçue comme un progrès. Tournant diplomatique majeur: l'Iran, allié du régime de Damas, participe aux discussions pour la première fois, signe supplémentaire du retour de Téhéran dans la communauté internationale quelques mois après la signature d'un accord sur son potentiel nucléaire. Arrivé jeudi dans la capitale autrichienne, le chef de la diplomatie américaine John Kerry y a rencontré séparément ses homologues iranien Mohammed Javad Zarif et russe Sergueï Lavrov. «Il est désormais temps d'accorder à l'Iran une place à la table», a estimé M.Kerry, entérinant le revirement de la position américaine, jusque-là hostile à cette idée. Pour le secrétaire d'Etat américain, les pourparlers de Vienne sont «l'occasion la plus prometteuse de trouver une ouverture politique», même si Washington ne nourrit pas d'espoir d'une solution immédiate. Un premier round de discussions la semaine dernière à Vienne entre ministres des Affaires étrangères américain, russe, saoudien et turc, aux divergences marquées, a permis de conclure à la possibilité de discuter ensemble. Les quatre partenaires se sont de nouveau retrouvés jeudi soir. La réunion a été élargie hier matin à une vingtaine de diplomaties occidentales et du Moyen-Orient, avec notamment la présence de représentants chinois, libanais et égyptiens, des ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que l'Italienne Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne. «Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception», s'était félicité Sergueï Lavrov, qui a également vu le ministre iranien jeudi. «Cette réunion est très opportune car c'est la première fois depuis le début du conflit syrien que l'ensemble des acteurs majeurs se réunit», a pour sa part déclaré Laurent Fabius à son arrivée à Vienne. Son homologue allemand a ajouté: «Tout le monde est prêt à faire un pas en direction d'une solution politique au conflit, qui peut sembler éloignée aujourd'hui. Mais c'est un premier pas important». Pour l'instant, il n'est pas question d'une participation du gouvernement syrien ou de son opposition. La principale pierre d'achoppement des discussions concerne l'avenir du régime syrien actuel. Washington, Paris, leurs alliés occidentaux et monarchiques veulent négocier un «calendrier précis» de départ du président syrien, avait affirmé cette semaine Laurent Fabius. «Il faudra à un moment ou à un autre que dans cette transition politique il ne soit plus en fonction», a-t-il ajouté hier. La Russie, qui a lancé le 30 septembre une campagne de bombardements aériens en Syrie visant les groupes terroristes, est accusée de pilonner les rebelles syriens pour renforcer Bachar al-Assad. Moscou et Téhéran insistent pour que le président syrien joue un rôle dans la transition politique en Syrie. L'Iran apporte un soutien financier et militaire direct à Damas alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Riyadh affiche une position tranchée: Bachar al-Assad «partira soit à l'issue d'un processus politique soit parce qu'il sera renversé par la force», a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à la BBC jeudi. Avant son départ pour Vienne, le ministre iranien Mohammed Javad Zarif avait insisté, cité par l'agence iranienne Irna, sur les principes de «non ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie», de «respect de la souveraineté du pays et du droit du peuple syrien à décider de son destin».