Dans le campus algérien, la situation est sur le fil du rasoir. Les étudiants, à travers les universités et facultés du pays, ne cessent, depuis quelque temps, de crier haut et fort leur désarroi et mécontentement en remettant en grande forme le mot «négligence». L'on dénonce surtout le «laisser-aller, les retards et les sempiternels problèmes d'hébergement» qui, il est utile de le signaler, remettent au centre des polémiques les assurances et «l'optimisme démesuré» affiché par le ministère de l'Enseignement supérieur au début de l'année en cours. Est-ce donc un échec pour le département de Rachid Harraoubia? La question mérite d'être posée, car, faut-il le signaler, le campus ne cesse de bouillonner à la faveur de plusieurs actions de protestation organisées dans l'enceinte universitaire mais aussi et surtout à l'extérieur des universités. C'est vrai, puisqu'on a assisté déjà à des marches et rassemblements organisés par les étudiants en dehors de l'université. Pour les besoins d'illustration, les exemples ne manquent pas. A Béjaïa et à M'sila, les universitaires courroucés n'ont pas hésité à quitter les locaux de leurs instituts pour faire connaître leur marasme à l'opinion publique. Pis encore, au sein de certaines résidences et facultés, la situation a pris des proportions plus inquiétantes surtout lorsqu'on sait que des étudiants affiliés, semble-t-il, à certaines organisations à l'instar de Unea, Unja et Cjea, ont été interpellés par les forces de l'ordre et présentés devant le procureur de la République. C'est un incident survenu, bien évidemment, à l'université Djilali Lyabès de Sidi Bel Abbès dans la journée de lundi dernier. Côté rectorat, l'on parle d'une protestation entachée de considérations politiques, puisque, dit-on, lesdites organisations sont «connues par leur militantisme en faveur du Front de libération nationale (FLN)». Lequel parti est déstabilisé par les luttes intestines que se livrent certaines parties antagonistes. De son côté, le bureau de Cnes de Sidi Bel Abbes dénonce, dans une déclaration envoyée à notre rédaction, l'«utilisation de toute forme de violence à l'intérieur de l'université et déplore la séquestration de certains responsables et enseignants à l'intérieur des locaux du rectorat». Autre reproche, le Cnes de Sidi Bel Abbès regrette aussi «l'absence chronique de communication de la part de l'administration». Une critique qui repose sur le fait «qu'aucune information ni précision ne sont données sur les faits très graves qui se seraient passés à l'intérieur des locaux du rectorat ni sur leurs vrais mobiles». Nonobstant ces différentes lectures et interprétations faites de part et d'autre, force est de constater que le marasme existe bel et bien dans l'enceinte universitaire si l'on tient compte des différents problèmes et incidents survenus à l'intérieur des facs et cités U. Des critiques au vitriol ont constitué le principal slogan brandi par les universitaires en colère. Ils se plaignent d'être tenus à l'écart des promesses de bonne prise en charge brandies, cette année, par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Sur le volet lié à l'hébergement, des résidences universitaires devant accueillir, à la rentrée 2004/2005, le nombre important des étudiants, ne sont pas encore prêtes à héberger les nouveaux venus. D'autres, à l'instar de la cité U de Ouled Fayet, sont construites dans des zones connues pour être exposées à une insécurité flagrante. Autres griefs, l'on dénonce la dégradation des conditions d'hygiène dans certaines résidences et l'absence de centre sanitaire et/ou d'infirmerie devant prendre en charge les étudiants, accusant ainsi l'Office national des oeuvres universitaires (Onou) d'avoir failli à ses responsabilités. D'autres doléances concernent le transport, le manque en matière d'infrastructures et d'encadrement pédagogique. Faut-il citer aussi l'énorme retard dans les cours. Globalement, la colère des universitaires va faire tache d'huile du fait que les revendications formulées ne sont, jusqu'ici, pas prises en charge par le département de M.Harraoubia et les instances de l'Onou. Le climat reste tendu et les étudiants ne veulent pas, pour le moment, tourner la page avant qu'elle ne soit lue.