L'Algérie pointe à la 124e place sur 184 en termes de contribution relative du tourisme à la richesse du pays. Une goutte d'eau dans le désert. Amar Ghoul doit certainement revoir sa copie s'il souhaite que le secteur dont il a la charge participe à l'émergence d'une économie productrice de richesses dont le but est de s'affranchir des exportations d'hydrocarbures et de se prémunir du stress permanent provoqué par la dégringolade des cours de l'or noir. En effet, si les Algériens ne devaient compter que sur le tourisme pour vivre, il y a longtemps qu'ils auraient crié famine. Chiffres à l'appui. Que disent-ils? «Le secteur du tourisme a une contribution directe de 3,5% du Produit intérieur brut (PIB) algérien, soit 633,1 milliards de dinars», indique un rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme (Wttc) portant sur l'impact économique du secteur touristique. «En incluant les effets indirects et induits (dépenses d'investissement, de consommation des employés du secteur...), la part totale du tourisme dans le PIB algérien atteint les 6,7% du PIB», mentionne le document du Conseil mondial. Pour illustrer le marasme dans lequel se trouve le secteur touristique, en Algérie, les projections font cas d'une progression d'à peine 1 point du Produit intérieur brut pour les dix années à venir. «A plus long terme, soit en 2025, le tourisme représenterait jusqu'à 7,5% du PIB, soit un peu plus de 2000 milliards de dinars», estime le Wttc. Le secteur serait parait-il pourvoyeur d'emplois. Qu'en est t-il exactement? «Les activités touristiques représentent 332.500 emplois directs (3% de l'emploi total) et près de 660.000 au total (6%), en comptant les emplois indirects», indiquent les rédacteurs du document qui soulignent une création potentielle d'emplois (directs et indirects) de plus de 600.000 d'ici 15 ans. Soit un peu plus de 40.000 par an. «Ce taux devrait atteindre 6,8% en 2025, avec un total de 975.000 emplois directs et indirects. La croissance annuelle moyenne de l'emploi devrait se situer à 3,5% pour les 10 prochaines années», a précisé la même source qui met en exergue une croissance qui progresse à pas de tortue. «Le secteur du tourisme devrait croître dans les prochaines années au rythme de 4,8% par an entre 2015 et 2025», affirme l'organisme mondial qui, dans ce sillage déplore une faiblesse criante des investissements. «Après un bond de 7,6% de croissance en 2015, l'investissement dans le tourisme devrait augmenter de 5% par an jusqu'en 2025, avec un total de 279,5 milliards de dinars», note le Wttc qui souligne que les touristes étrangers ne se bousculent pas pour se rendre en Algérie. Il est donc essentiel d'arrêter de bâtir sur des sables mouvants. Les politiques précédentes en matière de politique touristique ont toutes prouvé leurs limites. Il est pratiquement acquis qu'il est important de faire table du passé pour permettre à ce secteur en jachère de donner sa pleine mesure à partir du moment où il est répertorié comme étant un des fers de lance de cette économie nationale hors hydrocarbures qui reste à construire. Il est urgent de regarder la réalité en face pour décrypter les véritables causes qui l'ont rendu moribond. Le secteur du tourisme a pâti en premier lieu des événements dramatiques de la décennie noire, des prises d'otages, celle d'une trentaine de touristes occidentaux enlevés dans la région d'Illizi en 2003 et celle plus récente qui a ciblé le site gazier de Tiguentourine qui ont considérablement nui au tourisme saharien, véritable locomotive du secteur, dont les atouts sont avérés. A titre d'exemple, le Parc national du Tassili qui est classé patrimoine mondial depuis 1982 et réserve de biosphère depuis 1986 par l'Unesco. Situé dans la région de Djanet (wilaya d'Illizi, sud-est du pays), il recèle les plus belles peintures rupestres de la planète, traces d'une civilisation plusieurs fois millénaire. Une destination très prisée par les touristes étrangers qui s'y rendaient en masse, particulièrement en fin d'année. Les capitales occidentales avaient recommandé à leurs ressortissants de l'éviter. Rien de sérieux n'a été entrepris par les responsables du secteur du tourisme pour réhabiliter l'image écornée du pays hormis des déclarations à la cantonade. Constat. «Les dépenses des touristes algériens (interne) comptent 97% des dépenses dans le secteur du tourisme en 2014. Les 3% restants des dépenses liées au tourisme sont donc le fait des touristes étrangers», fait constater l'organisme mondial. Le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat a beau annoncer sur tous les toits toute une série de mesures et de projets pour relancer son secteur. La réalité est là. Il demeure à la traîne. L'Algérie pointe à la 124e place sur 184 en termes de contribution relative du tourisme à la richesse du pays. Une goutte d'eau dans le désert. Amar Ghoul n'est pas sorti de l'auberge.