Ces propos n'ont décidément pas été du goût des syndicalistes présents dans la salle des conférences du lycée Hassiba Ben Bouali. Réagissant à la revendication des enseignants portant «retraite après vingt cinq ans de service», le ministre de l'Education nationale, M.Boubekeur Benbouzid était très clair à ce sujet: «le département de l'Education n'est pas habilité à s'exprimer sur cette question». Car, a-t-il renchéri, «le sujet est du ressort du ministère du Travail et de la Fonction publique. Elle implique également d'autres secteurs», explique-t-il dans son allocution d'ouverture de la journée d'étude sur le système de retraite et de la sécurité sociale. M.Benbouzid renvoie, en quelque sorte, la balle dans le camp de l'Exécutif, «seul capable de se prononcer et/ou prendre en charge cette revendication». En termes plus clairs, cette doléance «doit être transmise aux instances du gouvernement et le ministère fera sa proposition lorsque le débat sera ouvert à ce sujet», indique Benbouzid. Il est utile de rappeler que la question des retraites constitue bel et bien l'une des revendications défendues à cor et à cri par les syndicats des enseignants. Tentant d'être plus explicite, Boubekeur Benbouzid pique au vif en disant que la question de la retraite et de la sécurité sociale est régie par la loi qui demeure, sans nul doute, un «texte inviolable». Allusion de taille faite à l'impossibilité, au moins à l'heure actuelle, de satisfaire la requête des enseignants. Comme pour corriger un pas de danse raté, le ministre donne des exemples pour défendre son point de vue. «Nous voulons faire un peu comme nos voisins les Tunisiens et les Marocains ou plutôt comme les Européens et surtout les Français et les Allemands. Dans ces pays, aucune loi ne défend le principe d'une retraite après 25 ans de service», a-t-il indiqué. Et d'ajouter aussi «qu'en Amérique la retraite n'est même pas garantie par l'Etat». Ces propos n'ont, décidément, pas été du goût des syndicalistes présents dans la salle des conférences du lycée Hassiba Ben Bouali de Kouba (Alger). En guise de réplique, le secrétaire général du CLA, Redouane Osmane en l'occurrence, affirme que l'assouplissement de l'âge à la retraite est une donnée universelle, «nous excluons toute violation de la loi et la mise en cause des droits consacrés par la Constitution», a-t-il mis en garde. Plus explicite, M.Osmane, ajoute: «Notre argumentaire conforte le maintien du régime par répartition tel que précisé par la loi 83-12.» La conviction du porte-voix du CLA est appuyée, dit-on, par l'article 7 de la même loi qui stipule: «Le travailleur occupant un poste de travail présentant des conditions particulières de nuisance bénéficie de la pension de retraite avant l'âge prévu à l'article 6 dessus». Le CLA, par la voix de son SG, ira plus loin encore dans ses arguments et «mises en garde»: «C'est une gestion obscure(...), on voit mal comment il est envisagé de faire échapper ses placements à la logique de la rentabilité financière». Redouane Osmane a estimé aussi que le débat sur les retraites n'est pas clos en dépit de la position affichée par le ministre de l'Education. «Le CLA continuera à peser de tout son poids pour que ses propositions soient prises en compte. Il continue à cet effet ses démarches unitaires avec le Cnapest et les autres syndicats.» Justement, en évoquant le Cnapest, M.Meziane Meriane, son coordinateur national, propose autre chose. Il déclare que les enseignants sont prêts à augmenter le taux de participation pour la caisse des retraites afin que le principe de retraite après 25 ans de service soit «envisageable». Il reconnaît dans la foulée qu'à l'heure actuelle il est impossible de prendre en charge cette revendication vue l'existence d'un énorme déficit. Cependant, M.Meriane pense que la suggestion du Cnapest permettra, à moyen terme, de satisfaire cette requête. En définitive, même si le débat sur la retraite reste toujours ouvert, le désaccord entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux est plus visible à la faveur de cette première rencontre. Le ministre de l'Education, de son coté, préfère plutôt s'occuper, «a priori», de la poursuite du processus des réformes mises en oeuvre depuis le début de l'année.