Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, s'adressant au public peu avant l'ouverture à Antalya du sommet du G20 Lors du sommet, traditionnellement dédié aux questions économiques, les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 devraient concentrer leurs débats sur les crises politiques de l'heure. Les dirigeants des pays les plus riches de la planète (G20) se retrouveront demain et lundi à Antalya en Turquie, sous la conduite du président Recep Tayyip Erdogan, avec l'ambition de rapprocher leurs points de vue sur la Syrie, la crise des migrants et le climat. A cette occasion, les présidents américain Barack Obama, russe Vladimir Poutine et leurs pairs du G20 se réuniront sous la houlette de leur homologue turc Recep Tayyip Erdogan, parmi les quelque 13.000 participants attendus dans la station balnéaire d'Antalya sans compter les ONG, les hommes d'affaires et les 2.500 journalistes accrédités. La guerre qui ravage la Syrie, pays voisin de la Turquie, s'annonce comme l'un des sujets prédominants au menu du G20, mais aussi la crise des migrants et le climat. Après plus de quatre ans d'un conflit qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés, le pays reste le théâtre de combats acharnés entre l'armée gouvernementale et les groupes rebelles d'un côté, et entre armée et groupes terroristes dont l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daesh), de l'autre. L'entrée en scène de l'intervention de l'aviation russe il y a un mois contre les groupes terroristes en Syrie, à la demande du gouvernement syrien, a créé une friction entre Moscou et l'Occident. Les Etats-Unis, l'Europe, des pays arabes, partisans d'un départ du président syrien Bachar al Assad, s'opposent à l'Iran et la Russie qui sont pour un règlement de la crise syrienne par le dialogue entre le gouvernement et l'opposition pour trouver un accord sur une transition politique, qui mènerait à une nouvelle Constitution et des élections. Les positions paraissent irréconciliables aussi bien sur le sort du président syrien que sur la définition des groupes armés qui peuvent être considérés comme appartenant à l'opposition et ceux qui doivent être qualifiés de terroristes. «Ils (les membres du G20) vont vouloir se quitter sur une note positive, une convergence sur la stratégie à suivre», assure l'analyste Aezgür Unluhihisarcikli, du German Marshall Fund. Mais «une percée est très improbable», ajoute-t-il. Deux semaines après la victoire du parti au pouvoir aux élections législatives en Turquie, le chef de l'Etat turc a remis sur la table son idée de «zone sécurisée» dans le nord de la Syrie pour accueillir déplacés et réfugiés, même si elle est rejetée par ses alliés. Ce secteur serait aussi débarrassé de toute présence «terroriste», mais aussi kurde. La Turquie redoute la progression des combattants kurdes de Syrie, alliés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mènent la guérilla sur son propre sol. Ankara espère plus sur le dossier connexe de la crise migratoire. Confrontée à un afflux de migrants, majoritairement syriens, depuis le printemps, l'Union européenne (UE) tente de convaincre la Turquie, qui en accueille 2,2 millions, et les autres pays limitrophes de les retenir, en échange notamment d'une aide financière. A la veille du sommet du G20, et quelques jours après un rapport européen qui a fait état de «graves reculs» de l'Etat de droit en Turquie, M.Erdogan a remis la pression sur Bruxelles. «Leur économie est plus solide que celle de la Turquie. Pourquoi ferment-ils leur porte?», s'est-il interrogé jeudi soir sur CNN. «Nous attendons de nos alliés plus de soutien», a-t-il dit. «L'objectif n'est pas d'obtenir un montant chiffré pour une aide financière mais l'engagement des pays du G20 à rendre l'action humanitaire plus efficace», a-t-on expliqué à Paris. «Ce sera difficile à vendre à de nombreux pays, qui jugent que le G20 n'est pas un lieu approprié», a-t-on toutefois tempéré de source européenne. A deux semaines de la conférence de l'ONU sur le climat à Paris, le G20 sera aussi l'occasion de resserrer une dernière fois les boulons en vue d'un accord pour la réduction des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, et son financement. «Il est nécessaire d'envoyer un signal fort», juge-t-on à Berlin. Comme l'a reconnu le ministre français de Affaires étrangères Laurent Fabius «la tâche qui reste est considérable». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi refroidi les plus optimistes jeudi en affirmant qu'un éventuel accord ne comprendrait «pas d'objectifs de réduction juridiquement contraignants». L'accord sera «contraignant ou il n'y en aura pas», lui a rétorqué le président français François Hollande. Côté économie, le ralentissement de la croissance chinoise continue d'inquiéter les marchés, notamment dans les pays émergents. Mais, la crise de la zone euro déjà oubliée, le sommet d'Antalya devrait être l'occasion d'exprimer, selon des participants, un «message de confiance» sur la stabilisation de la situation mondiale. Ce G20 doit aussi permettre la validation du plan d'action de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre l'optimisation fiscale, qui permet aux multinationales d'échapper à l'impôt.