Cette attaque renseigne sur la détermination d'Al Qaîda à porter sa guerre en Arabie Saoudite. Au moins une dizaine personnes ont été tuées hier dans une attaque à l'explosif menée contre le consulat américain à Djeddah, trois assaillants, 5 employés et quatre policiers. Mené par un commando armé, cet assaut est le premier du genre contre une mission diplomatique en Arabie. La représentation diplomatique américaine a, en effet, était le théâtre, hier vers 11 heures (8 heures GMT) d'un assaut lancé par des terroristes, vraisemblablement, membres d'Al Qaîda. L'accusation portée contre l'organisation de Oussama Ben Laden a été le fait du porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur. «Un groupe de la minorité égarée a lancé lundi vers 11h00 (08h00 GMT) des explosifs sur la porte d'entrée du consulat américain à Djeddah et a ensuite pénétré dans l'enceinte du consulat». Il y a lieu de préciser que l'expression «minorité égarée» est le vocable utilisé par les officiels saoudiens pour désigner les activistes d'Al Qaîda en Arabie Saoudite. Dans un communiqué rendu public par le même ministère, il est indiqué que «trois des assaillants ont été tués et deux autres ont été arrêtés après avoir été blessés». Les forces de sécurité qui ont perdu quatre des leurs, comptabilisant également plusieurs blessés parmi leurs membres dans un accrochage avec les terroristes, «contrôlent la situation», relève le porte-parole qui informe que «trois des assaillants ont été tués et deux autres ont été arrêtés après avoir été blessés». De son côté, l'ambassade américaine a annoncé que 5 employés non Américains ont été tués dans l'assaut, alors que l'ensemble du personnel diplomatiques US serait sain et sauf. «Tous les Américains sont en sécurité et ont été localisés», a précisé un responsable du consulat américain en poste à Djeddah, qui a indiqué par ailleurs que les victimes «étaient des expatriés, venant de pays tiers», autrement dit, elles ne seraient pas de nationalité saoudienne. Alors que l'ambassade des Etats-Unis à Riyad et le consulat américain à Dhahrane, dans l'est du royaume, ont été fermés par «mesure de précaution», selon la porte-parole de l'ambassade, Carol Kalin, un policier saoudien a évoqué une prise d'otage au sein même de l'édifice abritant les services consulaires US. L'attaque contre le consulat américain démontre, si besoin est, la force de frappe restée intacte, de l'organisation d'Oussama Ben Laden, malgré les incessantes attaques menées par les forces de sécurité. Même si cette prise d'otage aura été un échec sur le plan politico-militaire, il n'en demeure pas moins qu'elle renseigne sur la détermination d'Al Qaîda à porter sa guerre en Arabie Saoudite. Ce pays constitue, en effet, une cible stratégique de l'ennemi n°1 des Etats-Unis qui ont, dans le régime saoudien, un puissant allié au Proche-Orient. Il y dispose d'une impressionnante force militaire. En réaction à cet assaut, le président des Etats-Unis a estimé que les terroristes sont «toujours actifs». George Bush a fait le parallèle entre cet attentat et la situation en Irak, en soutenant que les élections de ce pays, prévues pour le 30 janvier de l'année prochaine, doivent se tenir comme prévu. Un signe qui ne trompe pas sur l'inquiétude des USA à subir une gifle politique, après celle qu'ils ont subie hier à Djeddah. De son côté, le Premier ministre britannique, dont le pays est le principal allié des Etats-Unis en Irak, a estimé que cette attaque «montre une fois de plus que, dans virtuellement tous les grands pays dans le monde, (les) terroristes tentent d'agir». Un constat qui cache en fait mal l'incapacité des Etats à faire face au terrorisme international. Américains et Britanniques qui s'accrochent à une hypothétique amélioration de la situation sécuritaire en Irak, semblent quelque peu dépassés par les actions d'éclat d'Al-Qaïda. Enfin, le marché pétrolier n'a pas tardé à réagir à l'action terroriste d'hier. Le baril de Light Sweet Crude pour livraison en janvier progressait de 71 cents à 43,25 dollars vers 15h20 GMT.