L'attentat perpétré lundi dernier contre le consulat américain à Djeddah ne manquera pas d'avoir de lourdes répercussions, d'une part sur la stabilité du royaume qui fait face à une menace bien réelle qui donne bien des soucis aux autorités saoudiennes et, d'autre part, sur la capacité de ces dernières à garantir la sécurité des étrangers et de leurs intérêts dans ce pays. Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, a affirmé hier que les terroristes avaient minutieusement préparé leur attaque. La facilité avec laquelle les assaillants, au nombre de cinq, selon le communiqué du ministère saoudien de l'Intérieur, avaient perpétré leur forfait en s'introduisant dans le bâtiment du consulat a jeté le trouble et le doute dans les esprits quant à l'ampleur du phénomène dans le royaume que les autorités saoudiennes tentent vainement de minimiser en qualifiant les terroristes de « minorités d'égarés » pour préserver, à l'extérieur, l'image selon laquelle l'Arabie Saoudite est un pays stable. Le dispositif de sécurité renforcé et déployé autour du bâtiment n'a pas dissuadé le groupe terroriste à lancer une attaque suicide contre cette représentation diplomatique. L'objectif politique recherché par le réseau auquel appartiennent les éléments du groupe aura été dans une certaine mesure atteint, même si le groupe a été neutralisé, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur qui a annoncé la mort de quatre des assaillants et deux autres éléments blessés et arrêtés. Le récit de l'attaque rapporté par les journaux saoudiens s'apparente à un scénario digne des films des grandes séries policières. Les terroristes, qui avaient fait un repérage des lieux avant le lancement de leur attaque, ont profité de l'arrivée de deux véhicules diplomatiques devant le portail d'entrée du consulat pour donner l'assaut en tirant à bout portant sur les passagers des voitures avant de pénétrer à l'intérieur du bâtiment, de mettre le feu aux locaux et de prendre en otage le personnel. Au cours de l'assaut, cinq agents du consulat non américains, selon les sources diplomatiques américaines, ont été tués. L'attaque a été revendiquée hier sur un site internet par la branche d'Al Qaîda locale, « l'organisation d'Al Qaîda dans la péninsule arabique » qui avait déjà revendiqué la série d'attentats et d'enlèvements de ressortissants américains et étrangers enregistré au cours de ces derniers mois, comme le rapt de l'ingénieur américain employé par la firme de fabrication des hélicoptères Apache, décapité par ses ravisseurs. Les autorités saoudiennes ont révélé hier l'identité de trois des cinq assaillants, précisant toutefois que les membres du groupe ne figuraient pas sur la liste des terroristes recherchés par la police saoudienne. Ce qui laisse supposer que les effectifs terroristes ne sont pas aussi insignifiants comme le prétendaient jusqu'ici les autorités saoudiennes pour minimiser l'ampleur du phénomène. Elles ont démenti, par ailleurs, que des membres de la Garde royale aient été tués au cours de l'échange de tirs avec les assaillants comme l'avaient annoncé des journaux saoudiens. L'attaque de ce lundi a porté un rude coup à l'Arabie Saoudite et à son image, qui s'est révélée surfaite, de pays où la paix règne dans le cœur et les esprits de tous ses ressortissants. Les autorités saoudiennes auront désormais toutes les peines du monde à convaincre l'opinion nationale et internationale que le terrorisme est un phénomène étranger au pays.