L'intervention du Raid a duré plusieurs heures Au cours de la nuit à Paris, les hommes du Raid ont lancé l'assaut contre un groupe de terroristes présumés, retranchés dans un appartement à Saint-Denis, faisant deux morts et sept arrestations. Le président François Hollande a appelé hier les Français à «ne pas céder aux tentations de repli», «à la peur», «aux excès» ni «à la surenchère», après les attentats commis par le groupe Etat islamique qui ont fait 129 morts. Abordant l'opération antiterroriste menée hier matin à Saint-Denis au nord de Paris, il a estimé qu'elle «nous confirme une fois encore que nous sommes dans la guerre, une guerre contre le terrorisme qui lui-même a décidé de nous mener la guerre», à la faveur d' un discours devant les maires des villes françaises réunis à Paris. «Par la terreur, Daech veut instiller, par ses propres tueries, le poison de la suspicion, de la stigmatisation, de la division», a-t-il mis en garde. «Ne cédons pas aux tentations de repli, ne cédons pas non plus à la peur, aux excès et à la surenchère». Ce faisant, il anticipait sur les questions qui taraudent nombre de communautés immigrées et de français musulmans qui redoutent de devenir pour longtemps les boucs émissaires d'un sentiment croissant de rejet au sein de la population en proie au discours raciste et islamophobe de certains courants politiques. Tout en annonçant la possibilité pour les polices municipales, complémentaires de la police et de la gendarmerie, d'être dorénavant équipées avec des armes du stock de la police nationale (les 3900 polices municipales ne sont en principe pas armées), il a rappelé les récentes décisions prises au lendemain même des attentats de vendredi telles que la dissolution des lieux et groupes faisant «l'apologie du terrorisme», dans le cadre de l'état d'urgence instauré par le projet de loi soumis hier au Conseil des ministres et dont la mise en oeuvre est «immédiate»,sitôt le texte promulgué. Entre autres mises en garde, le président Hollande a mis l'accent, peut-être avec davantage de détermination compte tenu des signaux reçus à différents niveaux, sur la notion de solidarité et de citoyenneté qui englobe l'ensemble des communautés, sans distinction de race ou de religion. Après les attentats, a-t-il dit, «notre cohésion sociale est la meilleure réponse et notre union nationale en est l'expression. Nous devons être implacables contre toute forme de haine. Aucun acte xénophobe, antisémite, anti-musulman ne doit être toléré», a fortement insisté le président français auprès des responsables des municipalités. Cette détermination était d'autant résolue qu'hier, aux alentours de 04 heures du matin, une opération d'envergure était lancée par les policiers d'élite du RAID contre un groupe de présumés terroristes, dans un appartement à Saint Denis, en proche banlieue parisienne. Plusieurs heures après la fin de cette intervention musclée, des vérifications étaient en cours pour déterminer l'identité des personnes tuées et interpellées, lors de l'assaut, surtout que des sources judiciaires avaient annoncé la présence de l'organisateur présumé des attentats de vendredi, Abdelhamid Abaaoud, avant même que les investigations scientifiques et techniques ne soient achevées. Les sources du RAID sont, elles, demeurées circonspectes, estimant qu'»il est en l'état impossible de donner les identités» des deux personnes tuées et des sept interpellées. «Tout sera fait pour savoir qui est qui, en fonction de quoi on dira qui se trouvait dans l'appartement», ont-ils simplement affirmé. L'assaut de grande ampleur qui a duré plusieurs heures s'est achevé avec la mort de deux personnes dont une jeune femme qui «s'est fait exploser en déclenchant la charge de sa ceinture explosive» et par l'arrestation de sept autres parmi lesquels pourrait se trouver, toujours selon une source judiciaire, le principal suspect recherché depuis plusieurs jours, Abdelhamid Abaaoud, un belge de 28 ans, que les autorités soupçonnent d'avoir organisé les attentats qui ont fait 129 morts vendredi à Paris. En effet, ce sont les investigations menées tout azimut depuis par le biais aussi bien de la téléphonie, de la surveillance que la collecte des témoignages qui ont concouru à étayer cette thèse, à charge pour les enquêteurs de la valider en établissant que Abaoud était bel et bien dans cet appartement à Saint-Denis. L'intervention, par son ampleur et par les moyens mobilisés, a évidemment accru la tension perceptible de la population qui redoute d'autres attentats dans la région parisienne.