«Les traumatismes de la période sanglante qui a endeuillé l'Algérie durant les années 1990 est la principale cause de la violence». La délinquance n'a pas d'âge. Les enfants ont dépassé le stade de victimes, ils sont passés à une autre étape plus dangereuse. Quelques-uns ont dépassé la ligne rouge. Le dernier bilan établi par les services de sécurité donne des sueurs froides. Les enfants sont devenus agresseurs, voleurs, tueurs et même chefs d'associations des malfaiteurs. Pas moins de 17.000 jeunes âgés entre 13 et 18 ans sont jugés annuellement pour des crimes de sang. Avant hier, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), Mustapha Khiati a tiré la sonnette d'alarme sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne 3. Mustapha Khiati a indiqué que ces jeunes mineurs sont impliqués dans des affaires de kidnappings, viols, assassinats et exploitation par des réseaux de mendicité. Le président de la Forem a également regretté l'absence d'une stratégie permanente pour les contrer et les traiter. Le même interlocuteur a mis l'accent sur l'accroissement de la violence dans notre société. Pour lui, les traumatismes de la période sanglante qui a endeuillé l'Algérie durant les années 1990 est la principale cause de la violence. «Les traumas psychologiques de cette sinistre période n'ont pas encore été traités au plan psychologique», a indiqué Khiati qui a mis en garde contre les dangers de la multiplication des constructions de cités ghettos. Compte tenu de la recrudescence et de la gravité de certains délits commis par des mineurs de moins de 18 ans, la délinquance des mineurs compte aujourd'hui parmi les problèmes socio-psychologiques qui affectent le plus notre société et mettent en difficulté la symbiose et le bien-être de la cellule familiale. «La violence n'est pas innée. Un enfant ne naît pas violent ou criminel. Il le devient à cause de l'environnement dans lequel il évolue et grandit», précise-t-il, interpellant la responsabilité des parents. Dans ce sillage, le même responsable a interpellé le gouvernement afin qu'il mette en place une stratégie permanente pour contrer et traiter les cas de délinquance juvénile. Dans ce contexte, il est important de rappeler que les enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, nus et sans défense, et que rien n'aide à subsister, se retrouvent face à leurs faiblesses et leur vulnérabilité qu'ils doivent dépasser par n'importe quel moyen pour survivre, dans un monde où ils sont stigmatisés et mal vus. Dans un autre chapitre, les participants à une journée d'étude sur les phénomènes attentatoires aux enfants, dont les enlèvements, organisée avant hier à Batna, ont appelé à une protection durable des enfants. «Il est certes enregistré des avancées notables, notamment en matière de législation et d'adhésion du pays aux différentes chartes et conventions relatives à la protection de l'enfant, mais des défis restent à relever puisque de nombreux enfants ne sont pas protégés de manière effective et durable», a-t-on souligné au cours de la rencontre. «La protection de l'enfant et sa préservation des risques qui le guettent relève de la responsabilité de tous», avait souligné Mme Meguellatti, présidente de l'Association locale de protection des enfants et des personnes âgées. De son côté, le représentant de la direction de wilaya de l'éducation, Nacer Menaâ, a estimé qu'à la lumière des données disponibles sur la situation des enfants en Algérie, «il est indéniable que le pays a réalisé d'importants progrès», cependant «beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne l'application des textes promulgués». Par ailleurs, la maltraitance, les abus sexuels, les châtiments corporels, le travail des enfants, la mendicité ont été cités par les différents intervenants qui ont dressé un tableau plutôt sombre de la situation des enfants dans la wilaya de Batna.