La secrétaire générale du PT Elle sonne la charge contre Abderrahmane Benkhalfa et le compare à Attila. «Là où il passe, l'herbe ne repousse plus», assène-t-elle. Le changement à la tête du DRS, l'influence grandissante de «l'oligarchie», les dispositions contenues dans la LFC 2015 et le projet de loi de finances 2016, procèdent d'une seule logique qui conduira au démantèlement politique, économique et sécuritaire du pays selon la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Louisa Hanoune qui s'est exprimée, hier, à l'ouverture d'une réunion du bureau de la wilaya d'Alger de son parti a fortement critiqué les «cadeaux du gouvernement à l'oligarchie». Pour elle, les deux lois de finances qui se sont succédé à intervalle assez rapproché, servent les intérêts des oligarques au détriment des larges couches de la société qui voient leur pouvoir d'achat s'affaiblir par le double effet du glissement du dinar et l'imposition de nouvelles taxes. Dans le même temps, «l'oligarchie bénéficie de l'amnistie fiscale», allusion à la mise en conformité fiscale volontaire décidée par la LFC 2015. Hanoune qualifie la disposition de «blanchiment d'argent» au projet des grosses fortunes, au moment où la taxe d'habitation se voit généralisée à l'échelle du pays. Qualifiant cette taxe d'injuste, Louisa Hanoune rappelle la redéfinition du 87 bis au lieu de son abrogation, pour conclure que le gouvernement ne sert pas les intérêts des larges couches de la société, mais travaille pour le seul bénéfice d'un groupe de patrons et prédit une véritable récession économique, arguant que les hausses dans le carburant et l'électricité induiront une hausse des produits agricoles, notamment, donc une baisse de la consommation, ce qui influera directement sur l'économie. «Ce qui fera effondrer la classe moyenne qui s'est quelque peu reconstituée à partir de 2011», soutient la secrétaire générale du PT. Ce calcul, assez simple du reste, est brandi par Hanoune, comme la conséquence directe des deux lois de finances. La première responsable du Parti des travailleurs ne s'arrête pas à la simple lecture de ces lois, mais accuse le ministre de l'Industrie et des Mines de servir l'oligarchie en annonçant le retour du crédit extérieur des entreprises. «Nous sommes sur les traces de la Grèce. Les entreprises s'endettent et l'Etat rembourse», met-elle en garde, relevant que cette forme d'endettement est autrement plus difficile à gérer que la dette publique. Les accusations de Hanoune ne s'arrêtent pas là. Elle soupçonne le même ministre de l'Industrie et des Mines de vouloir revenir aux privatisations. En fait, la secrétaire générale du PT ne trouve aucun aspect positif dans la démarche du gouvernement et sonne la charge contre l'architecte de cette nouvelle politique, à savoir le ministre des Finances. Elle compare Abderrahmane Benkhalfa à Attila, «là où il passe, l'herbe ne repousse plus». Une image très dure pour qualifier le travail du ministre des Finances. Et pour cause, évoquant le projet de loi de finances 2016, elle met en évidence les baisses sensibles dans le budget de fonctionnement, donc pas de recrutement et dans celui de l'équipement donc pas d'infrastructure, donc pas d'offre d'emplois. Tout cela, dit-elle, est en contradiction avec les assurances du président de la République, lequel, il y a quelques mois rassurait sur les intentions du gouvernement en matière de sauvegarde du pouvoir d'achat et de l'emploi. Que s'est-il donc passé pendant ce laps de temps? s'est interrogée Mme Hanoune, non sans évoquer une piste de réflexion en comparant l'attitude du président une année après l'élection présidentielle 2004 où «le chef de l'Etat avait signé la loi de dénationalisation des hydrocarbures. 2005 c'était aussi l'année de l'entrée en vigueur de l'Accord d'association». La secrétaire générale «ose» un parallèle avec ce qui se passe présentement. Ainsi, une année après la présidentielle de 2014, l'Algérie fait un virage à droite. Mais cette fois, semble dire Mme Hanoune, le virage est plus rude, puisqu'en plus de toute cette batterie de mesures en faveur de «l'oligarchie», il y a eu le «détricotage du DRS». La pasionaria de la scène politique nationale va très loin en affirmant que «l'équilibre entre les institutions de l'Etat est rompu». Elle estime que le président de la République s'est départi de son rôle d'arbitre et indique que les Algériens ont perdu «leur souveraineté morale», dans l'affaire du «démantèlement du DRS». De fait, annonce-t-elle, les citoyens nous disent: «Nous avons perdu le sentiment de sécurité.» Le diagnostic étant fait, Louisa Hanoune déroule les propositions de son parti: suspension de l'Accord d'association avec l'UE, sortir de la Zone arabe de libre-échange, cesser toute négociation avec l'OMC et récupérer les 5 milliards de dollars prêtés au FMI.