Un faux pas impardonnable Pour les observateurs, cette dernière bourde le disqualifie définitivement des grâces du président Bouteflika. Ce trublion connaîtra-t-il le même sort que celui réservé à son prédécesseur Abdelaziz Belkhadem? Quelle mouche a donc piqué le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, pour fouler aux pieds l'un des principes fondateurs du FLN en entretenant l'amalgame sur la question sacrée du Sahara occidental? Invité à s'exprimer sur le dossier sahraoui, Saâdani a laissé planer le doute allant jusqu'à sous-entendre un reniement de cette cause sacrée pour l'Algérie; en d'autres termes, Saâdani a commis un sacrilège. Il a franchi le Rubicon et c'est le branle-bas de combat. Les réactions officielles tombent en cascade pour laver l'affront commis par le secrétaire général du FLN. C'est le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, qui donne un premier coup de sommation en rappelant que «la position de l'Algérie sur le Sahara occidental n'a pas changé depuis 1963». La deuxième alerte est venue du directeur de cabinet à la présidence de la République et secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, qui a réaffirmé la position de l'Algérie vis-à-vis du conflit au Sahara occidental, position de rejet de tout changement de frontières par la force et de respect du droit des peuples à l'autodétermination. Et comme clap final c'est Bouteflika lui-même qui signifie un désaveu direct aux propos de Saâdani. Le président Bouteflika a reçu, avant hier à Alger, le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario. L'audience s'est déroulée en présence du ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Fait rarissime, même en faisant sa déclaration à la presse à sa sortie de l'audience, le président sahraoui était accompagné des ministres algériens. Un message fort pour souligner l'appui de l'Algérie à cette cause. A l'affût, le mouvement de redressement du FLN n'a pas raté cette opportunité. Abdelkrim Abada, un des animateurs de ce mouvement, a saisi, par le biais d'une lettre ouverte, le président de la République en sa qualité de président honorifique du FLN. «Nous venons vers vous avec beaucoup de tristesse, dans un contexte marqué par des difficultés et des défis auxquels doit faire face le pays, pour vous exposer la situation lamentable dans laquelle se trouve notre parti. Une situation qui l'empêche d'assumer son rôle actif dans la gestion de cette période difficile», écrit Abdelkrim Abada qui affirme que le parti n'est jamais sorti de la crise qui a éclaté au lendemain du XIe congrès. Le mouvement de redressement énumère dans cette lettre ouverte une série de griefs retenus contre Amar Saâdani qu'il accuse de dévier de la ligne «sacrée» du parti et d'aller à contre-courant de la politique étrangère de l'Algérie et de ses positions immuables sur certaines questions comme celle du Sahara occidental. Amar Saâdani cumule errements et frasques au point d'embarrasser les hautes autorités du pays. Il multiplie les déclarations à la limite de la provocation. Il recommande d'abord aux Algériens d'aller chez le président français Hollande pour s'enquérir de l'Etat de santé de Bouteflika. Déclinée deux jours après le 61ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, cette affirmation est une insulte surtout à la mémoire des martyrs. Evoquant dans une conférence de presse l'affaire de l'ancien ministre de l'Energie, Saâdani a loué de manière ahurissante les «qualités» de Chakib Khelil en allant jusqu'à le qualifier de «meilleur ministre de l'histoire de l'Algérie». Pour les observateurs, cette dernière borde le disqualifie définitivement des grâces du président Bouteflika. Ce trublion connaîtra-t-il le même sort que celui réservé à son prédécesseur Abdelaziz Belkhadem? Pas si sûr. Car si Amar Saâdani est devenu momentanément un boulet, il est aussi et avant tout une arme, un vrai bulldozer qui déblaie le terrain. Il est cette espèce de bête politique qu'on place sur le ring et à qui on demande de cogner fort et sans gants.