Amar Saadani a rencontré, la semaine dernière, le très influent homme d'affaires Ali Haddad, patron de l'Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiment (ETRHB). A une dizaine de jours de la réunion du comité central (CC) du FLN, les manœuvres ont commencé entre les différentes factions du parti. Amar Saadani, secrétaire général contesté du plus vieux parti, mène des tractations et tente de nouer des alliances pour sauver son poste. Ainsi, il a reçu la semaine dernière, au siège du parti, l'influent homme d'affaires Ali Haddad, patron de l'Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiment (ETRHB), que l'on présente comme proche de Saïd Bouteflika, le frère du Président. Mais il a également entamé un début de rapprochement avec certains de ses opposants. En effet, le secrétaire général du FLN a profité de la convalescence de Abdelkrim Abada, pour lui rendre une visite de courtoisie en compagnie des membres du bureau politique (BP), Yahia Hassani, Ahmed Boumehdi et Mustapha Boualleg. Lors de cette rencontre, Amar Saadani a proposé à son plus farouche opposant de rejoindre la direction du parti. Selon nos informations, le chef de file des contestataires aurait demandé trois sièges au sein du bureau politique. Les noms de Chawki Meziane, Abderrachid Boukerzaza et Abdelkader Abada auraient été mentionnés. «Abdelkrim Abada n'a pas hésité à mettre la barre très haut, juge un membre du CC. Il sait très bien que sa demande risque de ne pas être acceptée par Amar Saadani.» Mais pour le secrétaire général du parti, il est vital d'agrandir le cercle de ses soutiens, même si cela doit passer par une alliance avec des opposants qui l'ont durement combattu et qui continuent de dénoncer son élection à la tête du parti. En effet, Amar Saadani jouera gros, lors du comité central du 24 juin. Il risque d'être mis en minorité, si les amis de Abdelaziz Belkhadem parviennent à imposer la tenue d'un scrutin ouvert à tous. «Saadani cherche à briser l'alliance de ceux qui s'opposent à lui. Pour cela, il ménage certains de ses opposants et cherche à rallier ceux qui sont contre le retour de Belkhadem à la tête du parti», déclare un membre du CC sous le couvert de l'anonymat. C'est ainsi que le patron du FLN a décidé de ne pas traduire devant le conseil de discipline les 34 membres du CC qui ont soutenu la candidature de Ali Benflis lors de la dernière présidentielle. En réalité, Amar Saadani compte profiter des désaccords qui minent ses opposants. Les propos tenus par Abderrahmane Belayat, coordinateur déclaré du FLN, au quotidien arabophone El Khabar, dans son édition du 28 mai, ont eu comme effet de révéler au grand jour les divisions que connaît le groupe des opposants au secrétaire général du parti. Pour le chef de file des opposants à Saadani, sa participation à la session du CC est conditionnée par «l'inscription du vote de confiance au secrétaire général, à l'ordre du jour». Ces propos, que l'intéressé contestait avoir tenus, avaient soulevé un début de polémique parmi les membres du CC. En réalité, cet épisode marque la défiance qui s'est installée chez les opposants à Amar Saadani qui reprochent à Abderrahmane Belayat sa gestion du groupe. «Nous ne sommes pas des moutons de Panurge, déclarait Abdelkader Cherrar, membre du CC. Les décisions qui doivent être prises doivent l'être en concertation avec tous les opposants à Amar Saadani. Il n'y a pas de super membres du CC et les autres. On est tous au même niveau.» En outre, pour Abdelkader Cherrar, la décision de mettre en place le groupe des «21» est une illustration de la volonté des «amis» de Belayat de vouloir imposer leur point de vue et leur démarche. «Abderrahmane Belayat n'a pas à dire aux membres du comité central quoi faire, s'insurge Abdelkader Cherrar. Il doit veiller à la cohésion du groupe et éviter de vouloir imposer son point de vue.» Mais derrière cette pomme de discorde se cache une lutte sourde qui oppose ceux qui militent pour le retour de Abdelaziz Belkhadem à la tête du FLN et ceux qui s'y opposent. Au sein des opposants à Amar Saadani, on estime que seul l'ancien secrétaire général du parti peut provoquer son départ. Il est le seul qui peut amener le président de la République à s'impliquer dans la crise que traverse le premier parti d'Algérie et à lâcher Amar Saadani. «Aujourd'hui, c'est le seul qui est en mesure de faire partir Amar Saadani, juge un membre du CC sous le couvert de l'anonymat. Il est le seul en qui le Président a confiance.»