Le siège du FLN N'ayant rencontré aucune résistance sur le chemin vers El Mouradia, M.Saâdani laisse libre cours à son ambition politique. Alors que les membres du mouvement de redressement, chapeauté par Abderahmane Belayat et Abdelkrim Abada, n'ont pas fini de digérer le premier coup de force opéré en août quand il a été désigné secrétaire général du vieux parti, M. Saâdani leur prépare déjà une autre opération politique d'envergure. Que cherche Amar Saâdani? Pourquoi insiste-t-il à ce que la révision de la Constitution intervienne avant l'élection présidentielle? Les détracteurs de l'actuel SG du FLN prêtent à M. Saâdani l'ambition «démesurée» de vouloir à tout prix occuper le poste de vice-président qui serait créé dans le cadre de la prochaine révision constitutionnelle. Or, la démesure étant évacuée de son lexique politique, M.Saâdani laisse libre cours à son ambition qui devient chaque jour un peu plus vorace. Déblayant le chemin au candidat du FLN pour la présidentielle d'avril prochain, Abdelaziz Bouteflika, l'ancien président de l'APN tire à vue. Il s'est d'abord attaqué au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et s'en est pris ensuite aux services de renseignements. N'ayant rencontré personne sur le chemin de la bataille et décidément déçu par «l'attentisme» de M.Bouteflika à annoncer sa candidature, Amar Saâdani cède. Il n'arrive plus à contenir son ambition. Que faut-il faire en pareilles circonstances, surtout qu'il se sent lâché par les siens? A la limite d'un acte suicidaire, il tente le tout pour le tout. N'a-t-il pas l'ambition de se porter candidat du FLN pour la présidentielle d'avril prochain? «Oui», répondent des observateurs avertis qui le soupçonnent de vouloir se porter candidat au nom de son parti, le FLN. Sinon que cherche-t-il à travers le meeting qu'il organise aujourd'hui au complexe Mohammed-Boudiaf du 5-Juillet, à Alger? Mais c'est sans compter sur la capacité manoeuvrière des opposants à M.Saâdani qui attendent la direction du vent. On s'active dans l'ombre et on susurre dans les coulisses que plus de 200 membres du comité central poussent à la tenue dans les prochaines semaines d'une nouvelle session du comité central dans le but d'élire un nouveau secrétaire général après la destitution de Saâdani. L'un de ses proches, Madani Houd, sénateur du tiers présidentiel et membre du CC, se démarque. Il déplore «la démarche en solo de Saâdani». M. Houd n'a pas admis le fait que «le nouveau secrétaire général eut cédé la part du lion aux pro-Benflis, soit 11 sur 15 au sein du bureau politique (BP) du FLN». Presque certain, l'ancien ministre de la Formation professionnelle, El Hadi Khaldi affirme que «le départ de Saâdani est imminent» car le nombre de signatures obtenues jusqu'ici n'est pas loin des deux tiers (2/3) des membres du CC, nous permettant «de convoquer la session de cette instance en application de l'article 9 du règlement intérieur du comité central».Et c'est le trublion Abderrahmane Belayat qui repart au front. «Le poste de secrétaire général est toujours vacant, les attributions de l'article 9 des soutiens du parti sont toujours appliquées, et c'est dans ce sens-là que nous allons convoquer la réunion du comité central pour une session extraordinaire pour élire le nouveau secrétaire général», a soutenu avant-hier, M.Belayat dans un entretien au confrère Al Watan. «Nous allons rassembler ceux qui ont assisté aux réunions du 29 août et du 16 septembre et qui ont découvert la réalité de la chose (...). Et je veux m'assurer de cette solidarité avec nos idées avant de réunir le comité central dans les prochains jours pour élire le SG», a ajouté M.Belayat qui a dénié à Saâdani le droit de parler «au nom du président de la République, parce qu'il est illégitime (Saâdani, Ndlr) et occupe un poste illégalement. Ce qu'il dit n'engage que lui et ceux qui le suivent». Abdelkrim Abada parti en guerre contre l'actuel secrétaire général du FLN, ajoute qu' «on ne veut pas impliquer le Président dans des affaires partisanes, afin qu'il ne prenne pas partie pour un groupe contre un autre. Maintenant, certains continuent à brandir le Président comme un bouclier chaque fois qu'on s'exprime, on nous dit: «Ah, vous êtes contre le Président». Mais Amar Saâdani les entend-il de cette oreille? Tambour battant, il prépare sereinement son show politique grandiose à la Coupole où assistera la majorité des députés du parti pour l'applaudir.