Le blocage dure depuis le mois de mars dernier Ce projet de loi est toujours dans les tiroirs du Sénat qui n'a pas jugé utile de s'expliquer sur les motivations de ce blocage. L'inexplicable report du débat, par le Conseil de la nation, du projet de loi criminalisant les violences contre les femmes n'a pas manqué de faire réagir la présidente de la section algérienne d'Amnesty International. Surtout que ce blocage dure depuis le mois de mars dernier; mois où le projet en question a été débattu et adopté par l'APN et où il devait l'être par le Conseil de la nation. Hassina Oussedik qui s'exprimait, hier, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, a jugé, en effet, qu'il était «urgent pour le gouvernement (algérien) de hâter son adoption». Une insistance qu'elle motive par la dégradation de la situation en la matière dans le pays. Au demeurant, parfaitement illustrée par l'abominable assassinat, le 7 du mois en cours, à Magra, une localité de la wilaya de M'sila, et ce, au seul motif qu'elle avait refusé de céder aux avances de son futur meurtrier, de Razika Chérif, une jeune femme d'une quarantaine d'années. Et tout autant confirmée par les inquiétants chiffres communiqués au Forum de la Sûreté nationale, tenu avant-hier à Alger, sous le thème, bien à propos, du «rôle de la police dans la lutte contre la violence faite aux femmes». Selon la commissaire qui les a communiqués, «7300 cas de violences (du genre) ont été enregistrés pour les seuls neufs premiers mois de l'année 2015». Un chiffre qui est, il faut le dire, loin de refléter la réalité existante sur le terrain et ce, du fait qu'il ne se réfère qu'aux seuls cas enregistrés par les services de police. Ceux qui l'ont été par la Gendarmerie nationale ne figurant pas, en effet, dans le décompte précité. De là, à l'évidence, la demande (verbale) adressée par la présidente d'Amnesty International Algérie au gouvernement algérien l'invitant à s'appuyer, dans sa lutte contre ce fléau, «sur l'expertise et l'expérience de terrain des organisations des droits des femmes» qui travaillent, a-t-elle tenu à le souligner, «depuis des années, sans grands moyens». Une demande qu'elle a formulée non sans rappeler au passage la position de principe de son organisation concernant ce véritable déni à la dignité des femmes que sont les violences qu'elles subissent, à savoir, que celles-ci «doivent être sanctionnées comme des violations des droits humains». S'il ne fait aucun doute que l'intrusion de cette ONG controversée dans un sujet aussi sensible ne manquera pas de faire réagir nombre de parties «bien-pensantes», et ce, au prétexte que «le problème relève de la cuisine nationale», beaucoup d'autres parties, en revanche, ne manqueront pas de s'en prendre aux pouvoirs publics pour avoir permis, par leur absence de réaction au blocage inexpliqué susmentionné, une telle intrusion. Et à ce propos, il est utile de rapporter les propos d'une avocate tenus avant-hier dans l'émission «Service public» de la Chaîne 3 de la Radio nationale selon lesquels, «contacté par des avocats, le président du Conseil de la nation les a assurés que le projet de loi criminalisant les violences contre les femmes sera débattu durant la session d'hiver en cours». Une information que Abdelkader Zahali, président du groupe parlementaire du FLN, que nous avons joint par téléphone, ne nous a pas confirmée. Il s'est, en effet, contenté de nous dire que «les points à l'ordre du jour de la présente session seront arrêtés ce dimanche, 29 novembre, lors de la réunion du bureau du Conseil (de la nation)».