Les quelques 200 éléments qui activent sous les ordres de deux groupes distincts sont tentés par l'amnistie du président. Même si de nombreux attentats à la bombe ont eu lieu ces dernières semaines à Skikda, il semble que le terrorisme est en train de vivre son dernier quart d'heure. Des sources sécuritaires recoupées, en effet, indiquent que les deux principaux groupes qui écument encore les maquis de la wilaya, notamment ceux de Collo, auraient tenté de prendre contact avec les autorités par le biais de leurs familles et de certains repentis dans le but de se rendre. La démarche, indique-t-on de même source, «obéit à la dynamique générale induite par l'effet d'annonce par le président de la République d'une amnistie générale dans les mois à venir, une fois que le peuple se sera prononcé par voie référendaire». Depuis la mise hors d'état de nuire de tout «l'état-major» du GSPC par les forces de sécurité, à la suite d'une importante opération menée par les forces combinées dans les maquis de Kabylie, et à la suite de l'élimination par Nabil Sahraoui de Hassan Hattab, le Gspc a grandement été affaibli. Les luttes intestines qui le traversaient se sont exacerbées à tel point que le plus puissant groupe terroriste encore actif dans le pays s'est scindé en groupuscules, en guerre les uns contre les autres, aussi bien pour tenter de contrôler le Gspc, que pour accaparer ce que les observateurs appellent «le trésor de guerre» du terrorisme, produit des rackets lors des faux barrages et des descentes dans les hameaux et les villages avoisinants. Très souvent, les ratissages qui en résultent ne donnent lieu à aucun coup de filet tant les maquis de Collo sont denses et imprenables, qui plus est piégés à l'aide de bombes artisanales et de mines de fortune. Il convient de souligner que le terroriste Brouche Abdelmadjid Alias Ikrima, et Ben H'mimid alias El Quaâquaâ, émir de sariat Ezzane, qui doit sa dénomination au lieu où elle est implantée, se sont ligués au niveau de cette région montagneuse afin de renforcer leurs rangs, et unir leurs forces pour affronter les hommes de l'émir national du Gspc, Abdelwadoud Abou Mossaâb, alias Dourkdal. Un autre allié de taille s'est joint à ces deux anciens frères ennemis, qui se trouvaient en guerre l'un contre l'autre dans un passé assez récent. Il s'agit d'Abou Mokatel, émir de Katibat Errob, dont le quartier général se trouve dans la région de Collo. L'ensemble de ces «katibat» regroupent plus d'une centaine d'islamistes plus ou moins bien armés. Quant à Youssef El Houari, Alias Abou Omaïar El-Wahrani, émir du GSL (Groupe salafiste libre), fort de quelque 40 membres, il aurait refusé de se joindre à cette «coalition». Il fait partie des hommes les plus proches de l'émir national. C'est à lui, du reste, qu'aurait été confié le «mythique» trésor de guerre du Gspc. Celui-ci, estime-t-on, s'élèverait à plus de sept milliards de centimes ainsi que plus de six kilos d'or, mais aussi une quantité considérable de bijoux précieux. Tout cela serait donc en possession d'Abou Omaïar El-Wahrani au niveau de son poste de commandement, qui se trouve dans la région montagneuse de Bourasse, laquelle est située entre El-Wedja Boulbalout dans la daïra d'Aïn El-Kachra et la région montagneuse d'El Milia dans la wilaya de Jijel. La dernière rencontre entre Brouche et El-Quaâquaâ au niveau du «poste de commandement» de ce dernier, plus précisément dans la région d'Ezzane, remonte à quelques semaines à peine. Les deux terroristes en question se seraient montrés déterminés à éliminer Abou Omaïar El-Wahrani, émir du GSL, dans le but manifeste de s'emparer du butin de guerre, et amener ses hommes à se joindre à eux en se démarquant du Gspc. Ils auraient également discuté des modalités de leur reddition sur la base du «répondant» dont ils auraient bénéficié à la suite des contacts indirects pris avec les autorités par le biais de membres de leurs familles ainsi que certains repentis qui connaissent parfaitement les maquis encore occupés par ces terroristes. Ces informations sont, de plus, confirmées au niveau de la localité de Karkara, une localité longtemps secouée par le terrorisme durant les années passées. C'est un terroriste, aveugle, qui s'était livré dernièrement aux autorités, qui fait état de cette information, comme le rapportent des sources sécuritaires. L'annonce pourrait carrément en être faite dans les jours qui viennent. Toutefois, elle pourrait tarder encore, le temps que les modalités de l'amnistie générale soit connues de tous. En attendant, une sorte de «cessez-le-feu», qui n'est pas sans rappeler celui de l'AIS décrété unilatéralement entre 1997 et 1999 en attendant la venue de Bouteflika à la tête de l'Etat et l'instauration de la concorde, serait observé au niveau de Skikda où plus aucun attentat n'a été commis depuis près d'un mois. Selon les mêmes sources, cette décision serait également motivée par la menace d'une future et imminente liquidation physique dont Brouche et Kaâkaâ seraient menacés. Sur instigation d'Abou Mossaab Abi El Barra Ahmed, «mufti» du GSL, la décision d'éliminer ces deux désormais anciens responsables a été prise à la fin de la semaine écoulée, suivant les instructions de l'émir national, le terroriste Dourkdal Abdel Malek alias Abou Mossaâb.