L'ambition du ministre est de faire participer les Américains à l'essor de l'industrie mécanique nationale Ce dynamisme hors du commun qui a permis, faut-il le souligner, de boucler le projet Peugeot en quelques mois, bouscule nombre d'idées reçues. Le ministre de l'Industrie et des Mines est attendu dans quelques villes américaines. Abdessalem Bouchouareb conduira dans ce pays une importante délégation d'hommes d'affaires. Il se rendra à Washington, San Francisco et Détroit, avec un crochet sur une banlieue de Détroit, Dearborn, lieu de naissance de la mythique Ford. L'ambition du ministre est de faire participer les Américains à l'essor de l'industrie mécanique nationale, à travers le challenge de l'intégration que l'Algérie entend absolument remporter. Détroit est une étape importante dans ce sens, le ministre étant à la recherche de sous-traitants pour les usines de Renault et de Peugeot. Bouchouareb qui a déjà réussi à mener à leur terme beaucoup de dossiers, est attendu sur cette question de l'intégration. Il faut trouver des fabricants de pièces de rechange et les convaincre de s'installer en Algérie. L'homme n'est pas du genre à se compliquer l'existence. Son tempérament de fonceur est son meilleur allié dans sa campagne américaine. Des partenaires, il en trouvera, on peut lui faire confiance. On aura en tout cas compris que Bouchouareb ne veut pas être le ministre des salons et des accords de principe. Il va au charbon et voyage là où «nichent» les investisseurs potentiels et l'expertise. Il est sans doute plus à l'aise dans une zone industrielle, aux portes d'une unité de production que dans un bureau à feuilleter un rapport. Sa mission de ministre dans un gouvernement, qui est dans une position de course contre la montre, l'oblige à travailler au corps les partenaires de l'Algérie et les hommes d'affaires algériens. Susciter des joint-ventures, convaincre les Américains de la solidité de l'économie algérienne n'est certainement pas une affaire d'une ou deux missions seulement. Bouchouareb le sait et n'a de cesse de revenir à la charge. Il était à Chicago, il y a quelques mois, et son retour aux Etats-Unis montre une réelle détermination à décrocher des contrats, mais surtout à ouvrir la voie à une coopération effective qui se traduit sur le terrain par des projets concrets. Ce dynamisme hors du commun qui a permis, faut-il le souligner, de boucler le projet Peugeot en quelques mois, bouscule nombre d'idées reçues et fédère autour de lui beaucoup d'opérateurs nationaux à la recherche d'opportunités de partenariat. Mais dans le même temps, on ne peut pas nager sans faire de vagues. Et ces vagues donnent des signaux à des groupes d'intérêts, mais aussi à des idéologues fermement ancrés dans un «socialisme de papa», celui qui fait l'amalgame entre le libéralisme économique et l'anti-patriotisme. Les deux forces présentes dans le paysage politique national semblent s'être alliées pour démonter le ministre. Le premier utilise des voies détournées du lobbysme et des groupes d'intérêts, jusqu'à susciter une campagne féroce contre le ministre, dans une tentative de réduire à néant tous les succès emportés sur le terrain, quant aux idéologues, en la personne de Louisa Hanoune, lient la proximité des milieux d'affaires avec le ministre de l'Industrie comme un signe que tout va mal dans le pays et qu'une tentative de détournement de l'Algérie est en marche. Entre les uns et les autres, Bouchouareb, libéral non pas d'idéologie mais de filiation, puisque issu d'une famille bourgeoise, travaille dans l'intérêt du pays, arguant que toutes les classes sociales du pays ont à donner pour la prospérité de l'Algérie. Une approche qui tire ses racines des profondeurs de la société algérienne qui a vu, en tout temps, des Algériens de toutes conditions prendre part au combat libérateur et également à celui de l'édification de la République. Une mission qui n'est certainement pas antinomique avec une approche économique libérale, puisque la nation la plus forte et la plus unie que sont les Etats Unis, a élevé le libéralisme au rang de religion, sans que cela ne produise l'éclatement de la nation. Dans le gouvernement Sellal qui, faut-il le souligner, est le concepteur de la loi de finances et le Code des investissements, Abdessalem Bouchouareb a la mission de diversifier l'économie et promouvoir les richesses minières du pays. Dans le premier volet de sa mission, cela ne peut se concevoir en dehors d'un partenariat fécond avec des pays industrialisés. Ces pays, tous libéraux, sans exception, Chine y compris, n'ont certainement pas l'intention de faire des cadeaux à l'Algérie. d'où le concept de gagnant-gagnant, que l'Algérie a adopté. Et il revient à Bouchouareb de le traduire sur le terrain. La sidérurgie avec le Qatar, le textile avec la Turquie, l'automobile avec la France et les Etats-Unis, lesquels sont engagés dans la biotechnologie et l'agriculture sont autant de chantiers, dont la concrétisation est prévue pour les deux prochaines années. C'est pour cela que le ministre de l'Industrie court le monde et discute avec les ministres et les patrons des pays-partenaires.