Les courbes économiques entre l'Algérie et la Pologne commencent enfin à se croiser. Ces deux pays, qui ont connu des passés presque similaires et des péripéties politico-économiques quasi identiques, ont décidé de rapprocher leurs destins pour un partenariat stratégique gagnant-gagnant. A l'hôtel El Aurassi, qui a abrité hier le tout premier Forum d'affaires entre l'Algérie et la République de Pologne, on a perçu une nette volonté des deux pays de faire du chemin ensemble dans l'intérêt mutuel. Et pour commencer cette aventure, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et le vice-Premier ministre et ministre de l'Economie de Pologne, Janusz Piechocinski, ont fait une déclaration conjointe pour le développement économique et industriel entre les deux ministères. De leur côté, les présidents des deux Chambres du commerce et d'industrie ont signé, eux aussi, un mémorandum d'entente. Pour Abdessalem Bouchouareb, c'est déjà un «signal fort». Entre Alger et Varsovie, les ponts économiques semblent se mettre en place grâce à la patience et la ténacité des Polonais qui ont érigé l'Algérie au rang de «partenaire stratégique» depuis 2013 au même titre que le Brésil, les Etats-Unis, l'Afrique du Sud et les Emirats arabes unis. Et pour cause, la Pologne ambitionne de pénétrer l'eldorado africain. Et l'Algérie s'impose comme «un véritable relais de croissance pour les entreprises polonaises en dehors de l'Europe», comme l'a souligné M. Bouchouareb. Le ministre sait que les deux pays ne boxent pas dans la même catégorie bien qu'ils soient partis du même niveau et qu'ils aient connu les mêmes thérapies de choc avec le FMI. Mais à défaut de concurrencer la Pologne, l'Algérie préfère apprendre de la success story de ce pays qui pointe parmi les meilleures économies européennes. «L'Algérie est le pays par excellence pour bâtir des plateformes industrielles orientées vers l'Afrique», propose M. Bouchouareb, comme pour encourager les Polonais à investir en Algérie. «La Pologne est pour nous un exemple d'une transition réussie parce qu'elle a su construire une économie productive et diversifiée dans des branches industrielles que, nous aussi, nous avons identifiées comme prioritaires car porteuses d'un potentiel certain de croissance.» Le ministre de l'Industrie a résumé ici tout le paradoxe algérien qui, avec des moyens nettement plus importants, n'a pas réussi son décollage économique, contrairement à la Pologne. Le vice-Premier ministre et ministre polonais de l'Economie, Janusz Piechocinski, promet : «Nous sommes venus pour vendre, mais aussi pour investir.» Il souhaite même acheter du GNL algérien via la plateforme de la mer Baltique. Les 456 millions de dollars d'échanges en 2013 pourraient être multipliés au moins par deux.