Les prix du pétrole qui se sont affichés à moins de 40 dollars à New York se dirigent tout droit vers leur niveau (autour des 34 dollars) atteint à la fin de l'année 2008. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé sous la houlette de son inamovible gendarme, l'Arabie saoudite, de mener une guerre (des prix) d'usure qui tourne pour le moment à son désavantage. Nombre de ses membres manifestent des signes d'agacement. Le Venezuela panique, l'Algérie s'inquiète et se démarque de la stratégie imprimée par Riyadh. Les Saoudiens estiment que les Américains finiront par renoncer à l'exploitation de leur pétrole de schiste qui ne sera plus rentable avec des prix du baril trop bas. L'offre pléthorique qui les mine serait ainsi épongée et les cours repartiraient à la hausse. Une position qui se défend en théorie sauf que sur le terrain c'est l'effet inverse qui est en train de se produire. Les prix du pétrole qui ont entamé leur dégringolade vers la mi-juin 2014 ont nettement chuté suite à la décision de l'Opep de maintenir sa production actuelle, qui se situe autour des 32 millions de barils par jour. «Etant donné la situation économique actuelle des pays consommateurs et de l'économie mondiale, nous allons maintenir la production à ses niveaux actuels», avait indiqué le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu, président en exercice de l'organisation, lors d'une conférence de presse animée, le 4 décembre, à l'issue de la 168ème réunion ministérielle de l'Opep. «Nous avons pris connaissance du niveau actuel de production, qui se situe au-dessus des 30 millions de barils qui ont été approuvés et avons décidé que réduire ce niveau n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur le marché», a-t-il expliqué. La réaction algérienne n'a pas attendu cette sortie médiatique pour tirer la sonnette d'alarme. «La situation du marché est excédentaire, tout le monde le sait. Il y a trop de production, cette production n'est pas seulement imputable à l'Opep, elle est imputable à tous les acteurs», a fait remarquer le ministre algérien de l'Energie, Salah Khebri. Le ministre nigérian du Pétrole qui a affirmé que le Cartel ne pouvait inverser seul la tendance, a lancé un appel dans ce sens. L'Opep ne produit qu'environ 35 à 40% de la consommation mondiale. Si vous continuez à (vouloir) réduire la production, cela ne résout aucun problème. Nous avons besoin de nous adresser aussi aux pays non membres de l'Opep afin qu'ils nous rejoignent dans cette volonté de stabilité (des prix)», a-t-il expliqué. Ces derniers ne semblent pas disposés à se joindre à une telle démarche. «De toute évidence, l'Opep ne va recevoir aucune aide des pays hors Opep pour réduire la production, et même à l'intérieur de l'Opep, certains membres veulent continuer à augmenter la production, et l'Iran compte sur les autres pays membres de faire de la place pour le retour de son pétrole sur le marché», a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole donne l'impression de vouloir prendre son temps malgré la conjoncture maussade du marché. «Les pays de l'Opep ne semblent pas compter sur un accord au printemps puisqu'ils ont programmé leur prochaine réunion pour le 2 juin 2016. A ce stade, ils auront une meilleure évaluation de la production iranienne, des dégâts causés dans la production de pétrole de schiste (aux Etats-Unis) et du nombre de projets en mer ou dans les sables bitumineux qui auront été retardés ou annulés», a souligné James Williams, chez Wtrg Economics. En attendant, le baril coule. Les prix du pétrole qui se sont affichés, vendredi dernier, à moins de 40 dollars à New York se dirigent tout droit vers leur niveau (autour des 34 dollars) atteint à la fin de l'année 2008, suite à la crise des subprimes qui avait touché le secteur de l'immobilier aux Etats-Unis et qui s'est transformée en crise financière mondiale. L'histoire est en train de se réécrire avec un scénario différent.