Les cours du pétrole étaient hier en baisse : 52 dollars pour le Brent, le niveau le plus bas depuis 2008. Ces niveaux n'ont jamais été atteints en 2014. Donc la dégringolade est plus brutale en ce début 2015. La question est de savoir jusqu'où ira cette chute des prix du pétrole pendant l'année en cours. De quoi inquiéter sérieusement des pays producteurs comme l'Algérie. Déclarations contrastées à propos de l'évolution des prix du pétrole en 2015. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, affirmait, dans une déclaration récente, que les cours du pétrole vont reprendre au second semestre 2015. Nordine Aït-Laoussine, ancien ministre de l'Energie, soulignait, lui, que les fondamentaux du marché nous indiquent clairement qu'avec le surplus actuel en pétrole et une situation de stocks mondiaux déjà plus que confortable, la chute des prix pourrait se poursuivre au cours des prochains mois. En ce qui concerne le moyen terme, c'est-à-dire le reste de l'année 2015, tout dépendra, selon lui, de la réaction de la demande mondiale et de la production des pays non-Opep. Les Saoudiens, eux, ont une conception tranchée sur le sujet. Ainsi, le ministre saoudien du pétrole Ali al-Naïmi a déclaré dans Middle East Economic Survey que les prix actuels du baril de pétrole vont perdurer sur le long terme et que le cours ne remontera plus jamais à 100 dollars. "Ce n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix, qu'il soit de 20 dollars, 40 dollars, 50 dollars ou 60 dollars, cela n'a pas de sens", a-t-il affirmé également au Financial Times. Selon lui, si l'Arabie Saoudite baissait sa production, "les prix repartiraient à la hausse", mais les "Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste prendraient notre part". Pour Ali al-Naïmi, avec des coûts de production de 4 à 5 dollars par baril, les pays du Golfe peuvent tenir indéfiniment avec un baril, même à 20 dollars. En revanche, l'extraction du pétrole de schiste américain, qui coûte entre 70 et 80 dollars, deviendra impossible. "Ils seront blessés avant que nous ressentions la moindre douleur", argue-t-il. L'attitude de l'Arabie Saoudite risque ainsi d'entamer sérieusement la cohésion de l'organisation pétrolière. L'Opep n'entend pas se réunir en conférence extraordinaire avant début juin. Seule une réunion restreinte, regroupant l'Arabie Saoudite, le Venezuela et le Mexique, est prévue en février. L'Algérie n'y a pas été conviée. La prochaine réunion ordinaire de l'Opep est prévue en juin 2015. Y. S.