Les cours du baril de pétrole brut ont terminé la semaine orientés à la baisse vendredi à New York, alors que le marché, hésitant depuis une dizaine de jours, continuait à ressentir la pression d'une offre excessive. Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février a cédé 1,11 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 54,73 dollars, au lendemain d'une séance de clôture pour Noël. «Le marché reste sous pression après les chiffres publiés mercredi par le département de l'Energie, qui montraient une hausse globale des stocks de brut et de produits à base de pétrole» aux Etats-Unis, a commenté Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Les stocks américains de pétrole brut ont en effet enregistré une hausse inattendue la semaine dernière, de même que ceux de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage). Les réserves d'essence ont, elles aussi, augmenté plus que prévu. «Comme les investisseurs ne s'attendent pas à ce que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prenne une décision quelconque pour réduire sa production, et comme l'offre américaine devrait continuer à augmenter l'an prochain, même si des compagnies réduisent leurs budgets, le marché va continuer à s'orienter à la baisse», a prévu Andy Lipow. Depuis la mi-décembre, les cours du baril de brut, qui ont chuté de près de moitié depuis mi-juin, changent de direction presque chaque jour même s'ils ont enregistré vendredi leur deuxième séance consécutive de baisse. «Il est franchement très difficile de tirer des conclusions à partir de l'évolution des cours de cette semaine», a reconnu James Williams, de Wtrg Economics. «Les échanges sont faibles en période de fêtes», ce qui encourage la volatilité. Les cours avaient d'ailleurs ouvert en hausse vendredi, après l'annonce de l'incendie d'un réservoir pétrolier en Libye et la publication du budget 2015 de l'Arabie saoudite. «Même si (les Saoudiens) prévoient un important déficit, ils semblent le baser sur l'idée que le prix du baril remontera entre 70 et 80 dollars», a expliqué James Williams, de Wtrg Economics. «Si vous prenez ce budget comme une prévision, cela implique que les Saoudiens croient à une remontée des prix en 2015». De son côté, la Russie a annoncé qu'elle allait réduire sa production de pétrole en raison du faible cours mondial du pétrole et du manque d'investissements dans l'industrie énergétique du pays, a annoncé jeudi le vice-Premier ministre, Arkadi Dvorkovitch. Compte tenu des perspectives moroses, la production de pétrole russe pourrait baisser de 10% dans les deux à trois prochaines années, ce qui n'aura pas de conséquences graves sur les marchés du pétrole mondiaux, a indiqué M. Dvorkovitch à la chaîne de télévision russe Rossiya 24. M. Dvorkovitch prévoit que le cours du pétrole restera à son niveau actuel ou poursuivra sa chute encore quelques mois, avant de rebondir à 80 dollars le baril. «Le cours du pétrole sera à terme rétabli par des facteurs fondamentaux et la limite des instruments de spéculation», a-t-il indiqué, cité par l'agence de presse Interfax. Le vice-Premier ministre a ajouté que la demande de pétrole restait faible en raison du ralentissement de la croissance économique en Russie et dans l'Union européenne et de la hausse de la production de pétrole brut aux Etats-Unis et dans les Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Début décembre, le ministère du Développement économique russe a abaissé ses prévisions pour les exportations de pétrole de 2,19% à 222,5 millions de tonnes métriques, soit 1,63 milliard de barils. Ses exportations de gaz en 2015 devraient également baisser de 1,8% à 186,6 milliards de mètres cubes, tandis que le volume de production sera de 655 milliards de mètres cubes. Pour sa part, la Libye prévoyait de redresser sa production à 1 million de barils par jour en 2014, ce qui inquiétait les opérateurs alors que l'offre d'or noir mondiale est surabondante, mais elle a annoncé la semaine passée qu'elle allait réduire ses prévisions en raison des combats dans les régions productrices. En Argentine, la baisse des prix du pétrole risque d'entraîner des complications pour la Compagnie pétrolière nationale argentine (YTF), a déclaré son président, Miguel Galuccio, assurant, toutefois que la compagnie maintiendra le niveau de ses investissements à 6 milliards de dollars. «Notre plan n'est pas en danger. Nous investirons 6 milliards de dollars en 2015 parce que nous sommes soutenus par une stratégie à long terme», a indiqué M. Galuccio, cité par des médias locaux. Selon le dirigeant d'YTF, l'intérêt des investisseurs pour l'énorme réservoir de pétrole et gaz de schiste de Vaca Muerta en Patagonie (Sud) n'a pas baissé malgré la chute des cours du brut de 50% en 2014. «À l'étranger il existe une tempête provoquée par la baisse des prix du pétrole, mais, moi, je reçois chaque jour de grands chefs d'entreprise qui veulent parvenir à un accord avec nous, notamment sur Vaca Muerta», a-t-il confié. Selon une étude du cabinet Accenture, le gisement de Vaca Muerta devrait attirer 368 milliards de dollars d'investissements étrangers d'ici 2035, et pourrait assurer à l'Argentine un demi-siècle des ses besoins en gaz et pétrole. Outre le consortium YPF-Chevron, d'autres compagnies ont des projets sur Vaca Muerta dont le Malaisien Petronas ainsi qu'Exxon, Shell et Total. Malgré les incertitudes, les investisseurs savent que le monde a faim d'énergie. A. E./Agences