La commission de recours de l'Apw a promis d'étudier toutes les contestations. La distribution de logements sociaux est devenue problématique à Oran. Les erreurs commises par les différentes APC, qualifiées de clientélisme et de favoritisme, ont alimenté un sentiment de frustration qui s'exprime aujourd'hui par une contestation sociale qui peut dégénérer d'un moment à l'autre. Il y a quelques jours, les habitants de la localité d'El Kerma avaient occupé la voie publique fermée à la circulation, la route nationale n°5. Les gendarmes dépêchés sur les lieux pour rétablir le calme ont su comment désamorcer une situation qui risquait de dégénérer à n'importe quel moment. L'intervention du wali qui avait gelé la liste des bénéficiaires des 80 logements sociaux avait participé à l'apaisement. Seulement, les habitants de la localité, outrés par la réaction de l'Assemblée locale n'ont pas décoléré. Ils ont maintenu la pression sur les élus locaux pour les pousser à la démission. Le maire et ses adjoints sont empêchés depuis mardi dernier d'accéder à leurs bureaux et les délégués des habitants contestataires, reçus par le wali samedi, ont exigé la mise sur pied d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur la gestion des affaires de la localité par l'actuelle assemblée chargée de tous les maux. L'exemple des habitants d'El Kerma a fait tache d'huile puisque la localité de Sidi Chahmi a connu, elle aussi, une vive tension, hier après le mouvement de protestation initié par des habitants qui contestent la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Les gendarmes dépêchés sur les lieux et le chef de daïra ont dû parlementer fort avec les délégués des citoyens pour faire baisser la tension et rétablir le calme dans la localité qui avait connu des barricades et des pneus brûlés. Le problème semble devenir à la mode à Oran puisque les habitants de plusieurs localités menacent de recourir aux mêmes formes de protesta pour faire annuler les listes des bénéficiaires de logements sociaux. Les localités d'El Braya et Arzew ont dépêché des délégations qui ont observé des sit-in devant le siège de la wilaya, des rassemblements qui se sont dispersés dans le calme. Les APC qui ont longtemps tergiversé sont aujourd'hui au pied du mur. Elles doivent désigner les bénéficiaires de logements sociaux avant le 31 décembre 2004. Ce délai a poussé certaines APC à passer outre les recommandations des commissions installées pour étudier les dossiers des citoyens. C'est ce qui explique l'apparition, parmi le lot des heureux élus, de noms qui ont soulevé l'ire des habitants. «Certains n'habitent même pas la localité, d'autres n'ouvrent pas droit au logement social. Il existe même des membres des familles d'élus, des femmes célibataires et parfois mineures dans le lot des bénéficiaires», dira un habitant d'El-Kerma. La commission de recours de l'APW a promis de faire la lumière sur tous les dépassements et d'étudier toutes les contestations formulées en bonne et due forme par les citoyens. «Nous ne laisserons rien au hasard, tous les recours seront étudiés pour ne pas cultiver le sentiment de frustration né chez certains citoyens. L'Etat de droit sortira grandi à l'issue de l'opération», dira un membre de cette commission. La gestion du dossier du logement social confié depuis le dernier Conseil de gouvernement aux daïras a toujours constitué une épine pour les élus des assemblées locales qui se sentent aujourd'hui dépossédées d'une attribution qu'ils considéraient comme essentielle dans le fonctionnement de leurs structures. Plusieurs localités risquent de connaître des troubles dans les prochains jours. La faute incombe aux élus locaux qui ont tergiversé et qui ont refusé de prendre toutes leurs responsabilités. Aujourd'hui, elles se retrouvent acculées, coincées entre une contestation sociale souvent justifiée et des délais qui, eux aussi, sont une échéance au-delà de laquelle un retrait de confiance pourrait leur être signifié comme le réclament bon nombre de citoyens qui qualifient les assemblées locales de structures tout juste bonnes à servir les intérêts des élus et de leurs proches.