Il a été recensé à la fin septembre 2004, un stock de plus de 55.000 logements sociaux achevés et non attribués. La distribution des logements sociaux sera dorénavant soumise au contrôle direct de l'Etat. Le conseil du gouvernement a tranché cette épineuse question lors de sa réunion mercredi. A ce sujet, il a été décidé, de prime abord, du transfert de l'étude des dossiers de l'affectation des logements à une commission présidée par le chef de daïra, et composée notamment du président de l'APC concernée ainsi que des directeurs de wilaya chargés de l'habitat et des affaires sociales. En d'autres termes, le gouvernement a procédé à la révision de la mission des APC et à la redéfinition des rôles de chacune des parties prenantes dans cette opération. A travers cette décision, l'exécutif reconnaît les défaillances et les limites des commissions communales, qui chapeautaient jusqu' ici les opérations de distribution des logements sociaux. Lesdites commissions sont composées, notons-le, des élus locaux et chapeautées par le président de l'APC. Le Conseil de Gouvernement, qui a examiné et adopté un décret exécutif modifiant le décret exécutif n° 98-42 définissant les conditions et les modalités d'accès aux logements publics locatifs à caractère social, présenté par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, explique que ce texte «a pour objet de résorber les contraintes, insuffisances et autres lenteurs qui caractérisent le traitement des dossiers de demande de logements sociaux réalisés au prix fort par le Trésor public», lit-on dans le communiqué. Le gouvernement se démarque de cette situation en imputant paradoxalement la responsabilité exclusive aux élus locaux. «En effet, en dépit des multiples instructions données par les plus hautes autorités du pays pour accélérer les opérations de distribution des logements achevés, il a été recensé à la fin septembre 2004, un stock de plus de 55.000 logements sociaux achevés et non attribués». Ce constat «a conduit les pouvoirs publics à prendre les mesures à même de remédier à cette situation». L'autre transfert effectué concerne l'examen des recours. Le rôle des élus est relégué là aussi au second plan. Et pour cause, cette opération, qui concerne l'étude des recours introduits par les citoyens qui s'estimeraient lésés par les décisions d'attribution, sera gérée par une commission présidée par le wali, et qui regroupe le président de l'APW et les autorités locales concernées. Reste à savoir quelle sera la réaction des élus locaux, qui verront dans cette démarche une ingérence dans leurs missions, mais surtout une tentative de la part de l'Etat de réduire leur pouvoir dans la gestion des affaires des communes. La question étant de savoir quel sera l'impact de cette décision sur les milliers de postulants au logement social. Notons que la contestation des listes des bénéficiaires de logement est devenue une tradition en Algérie. Les élus locaux sont les premiers à être pointés du doigt par les citoyens. La contestation s'est muée, dans plusieurs cas, en émeutes. Cette situation est identique dans l'ensemble du pays. Par ailleurs, le gouvernement n'a pas précisé si des mesures d'urgence seront mises en oeuvre pour la distribution du stocks de logements en stand-by. Tout compte fait, le dossier du logement semble constituer l'une des priorités de l'exécutif, appelé à relever un grand défi qui est la réalisation d'un million de logements durant les cinq prochaines années.