Les candidats ont pris pour punching-ball commun Barack Obama, obsédé selon eux par un «politiquement correct» qui aurait affaibli les défenses de l'Amérique, par exemple en acceptant des réfugiés syriens. Les candidats républicains à la Maison-Blanche ont juré mardi soir de détruire par tous les moyens l'organisation Etat islamique lors du premier débat depuis les attentats de Paris et San Bernardino, totalement dominé par les questions de sécurité nationale. «L'Amérique est en guerre», a annoncé le sénateur du Texas Ted Cruz. «Notre liberté est attaquée», a dit Jeb Bush. «Notre pays est hors de contrôle», a tonné Donald Trump, le milliardaire en tête des sondages, dans ce débat de 2h15 entre neuf candidats à Las Vegas. Les candidats, les uns après les autres, ont gravement énuméré les menaces terroristes, islamistes, radicales, jihadistes pour s'interroger, comme au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, sur l'équilibre approprié entre sécurité nationale et protection des libertés individuelles et de la vie privée - et en promettant fermeté et détermination face à la faiblesse supposée du président démocrate, Barack Obama. Seule voix discordante sur ce sujet, le sénateur Rand Paul, représentant de l'aile libertaire du parti républicain. «Quand on exclut certaines religions, quand on censure Internet, les terroristes ont gagné», a-t-il argué. Il est aussi l'un des rares à ne pas appeler à renverser Bachar al-Assad en Syrie. Les candidats ont pris pour punching ball commun Barack Obama, obsédé selon eux par un «politiquement correct» qui aurait affaibli les défenses de l'Amérique, par exemple en acceptant des réfugiés syriens. Tous ont redit leur opposition à leur accueil - pour le sénateur Marco Rubio, pas question de risquer que l'un d'eux soit un «tueur de l'EI». «Je comprends pourquoi Donald a fait sa proposition» de fermer temporairement l'Amérique aux musulmans, a dit Ted Cruz, ménageant ostensiblement l'homme d'affaires. «Nous stopperons les attaques terroristes avant qu'elles se produisent car nous ne serons pas prisonniers du politiquement correct». Le débat est revenu sur les loupés des services de renseignement, qui n'ont pas su repérer le couple américano-pakistanais qui a tué 14 personnes en Californie, et avant eux les frères Tsarnaev, auteurs des attentats du marathon de Boston en 2013. Les candidats ont dénoncé la frilosité de l'administration Obama à fouiller les communications sur les réseaux sociaux. Donald Trump a plaidé pour la fermeture de certains pans d'Internet en Syrie ou en Irak, et appelé à «pénétrer l'Internet pour savoir exactement où se trouve l'EI». «Vous me parlez autant que vous voulez de liberté d'expression, je ne veux pas qu'ils utilisent notre Internet», a dit le milliardaire. L'affrontement entre les deux premiers des sondages - Donald Trump (33% des intentions de vote en moyenne) et Ted Cruz (16%) - n'a pas eu lieu. «Il a un tempérament formidable», a souri Donald Trump - sans mordre à l'hameçon -interrogé alors qu'il avait traité Ted Cruz d' «allumé». Le milliardaire a au passage joué l'apaisement en refaisant allégeance au parti républicain, alors qu'encore récemment, il avait une nouvelle fois laissé entendre qu'il pourrait se présenter en indépendant en novembre 2016. Des dissensions entre les faucons conservateurs et les partisans d'une ligne plus libertaire sont apparues sur l'ampleur des pouvoirs à donner aux services de renseignement. Marco Rubio a regretté que la dernière réforme de l'Agence de sécurité nationale (NSA), prohibant la collecte systématique des métadonnées téléphoniques par l'agence, ait été approuvée par certains de ses rivaux. Il s'est heurté, durement, à Ted Cruz sur ce thème et sur l'immigration clandestine, l'un des grands sujets de division entre républicains. Episode routinier, Jeb Bush a le plus violemment attaqué Donald Trump. «Donald, vous ne gagnerez pas la présidence en insultant tout le monde», a dit le frère cadet du dernier président républicain, George W. Bush. «Je suis à 42%. Vous êtes à 3%. Pour l'instant, je gagne», a rétorqué Donald Trump.