Selon un rapport des services secrets pakistanais, pas moins de 60 Algériens sont présents en Afghanistan Une dizaine d'entre eux ont été déjà capturés à Kunduz et Djalalabad, tandis qu'une quarantaine sont localisés actuellement dans la ville de Kandahar, mais aussi parmi la garde rapprochée d'Oussama Ben Laden à la poursuite duquel les commandos américains sont lâchés. La capture de près de 2.000 Afghans arabes, pakistanais et tchétchènes lors de la prise de Kunduz en Afghanistan a suscité une large réaction des pays arabes qui réclament la livraison de leurs ressortissants impliqués pour terrorisme. Selon la presse pakistanaise à Islamabad, parmi les Afghans arabes arrêtés par l'Alliance du Nord depuis mercredi dernier, figurent des Saoudiens, des Qataris, des Emiratis, des Egyptiens et des Algériens. Leur nombre est estimé à 60 selon des sources fiables citant les services secrets pakistanais (ISI) sur l'ensemble du territoire afghan, principalement à Kunduz, Kandahar et Djalalabed. Ces Afghans algériens ont été recrutés par l'organisation Al-Qaîda et servaient dans les rangs des forces militaires des taliban du mollah Omar dont le régime s'appuie sur une force constituée de «moudjahidine» arabes évaluée à plus de 20.000, selon les responsables militaires américains. Cette capture a suscité une réaction en chaîne dans plusieurs pays arabes qui sont intéressés pour récupérer, interroger et juger ces Afghans arabes recherchés pour des affaires de terrorisme. L'Arabie Saoudite, qui compte la plus forte présence de ces combattants parmi les prisonniers de l'Alliance du Nord, a affirmé que «les Saoudiens qui regagneraient leur pays seraient interrogés. Les châtiments appropriés seront infligés à ceux dont l'appartenance au réseau Al-Qaîda sera prouvée». Pour le Qatar, les Américains devraient intervenir pour éviter l'extermination de ces combattants afin qu'ils soient livrés à leurs pays d'origine qui en feraient la demande. Déjà, le gouvernement égyptien, qui traque depuis des années les terroristes de la Jamaâ islamique, a entamé des pourparlers afin de récupérer ses ressortissants comme ceux qui avaient commis l'attentat de Louxor et qui ont été repérés en Afghanistan. Quant à l'Algérie, aucune réaction politique ou diplomatique n'est à signaler malgré la présence avérée d'Afghans algériens dans les rangs des forces pro-talibanes. Pourtant, le gouvernement du président Rabbani a indiqué qu'il était tout à fait disposé à livrer les Afghans arabes accusés de terrorisme soit à leur pays d'origine, soit aux Etats-Unis ou à l'ONU. Certains gouvernements arabes sont dans l'embarras et veulent récupérer au plus vite leurs terroristes de crainte qu'ils ne révèlent les dessous de leur présence en Afghanistan. D'autres sont dans l'expectative et veulent obtenir la liste des prisonniers afin de voir s'ils sont recherchés pour des actes de terrorisme, mais surtout pour prévenir des menaces d'attentats. Pour les Algériens, c'est la seconde option qui prévaut. Les cellules dormantes de l'organisation Al-Qaîda disséminées dans le monde arabe et islamique est la préoccupation première des Américains, conscients que l'élimination seule de Ben laden ne réduirait pas la menace terroriste d'un seul coup. Les services de sécurité algériens ont fait état de connexions entre le groupe sala e Hassan Hattab avec les correspondants de Ben Laden à Londres notamment entre 1998 et 1999, selon les aveux de plusieurs repentis. Rien n'indique que la guerre d'Afghanistan, qui semble lointaine pour les Algériens, n'ait pas de répercussions indirectes sur la recrudescence du terrorisme en Algérie. Plusieurs raisons à cela. D'abord, les groupes terroristes en Algérie se sont, depuis deux décennies, appuyés sur les Afghans algériens de retour et qui ont formé dans les maquis de nombreux jeunes aux techniques de guérilla. Ensuite, les principaux animateurs du retour des Afghans algériens dont Qamreddine Kherbane et Abou Anas sont toujours en activité à Londres et leurs réseaux ne sont pas encore démantelés. Enfin, le fait qu'on ait signalé, depuis quatre mois, une présence «afghane» dans les rangs du GIA, notamment à l'Est dans la région de Annaba et Khenchela, avec leur accoutrement pachtoune, inquiète davantage les services de sécurité. Les prochains jours vont être décisifs à mesure que l'on saura si la soixantaine d'Algériens signalés en Afghanistan sont réellement entre les mains des forces du Nord. Il sera alors temps pour la diplomatie algérienne de tenter de les récupérer du moment qu'un grand nombre est activement recherché pour terrorisme en Algérie.