Un accord laborieux et déjà contesté Le président du Conseil général national (Tripoli), Nouri Abou Sahmein, avait pris soin jeudi de rappeler que «celui qui n'a pas été mandaté (...) par le CGN pour signer ou parapher un accord en son nom est, et restera, sans légitimité». La signature de l'accord politique entre les factions Libyennes par des membres des deux Parlements libyens rivaux ouvre enfin la voie à la mise en place prochaine d'un gouvernement d'union nationale, dont la mission première sera de rétablir la paix durant une période de transition de deux ans, tout en préparant des élections législatives. Parrainé par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Martin Kobler, et fortement soutenu par la communauté internationale, notamment l'Algérie, cet accord vient couronner 14 mois d'efforts incessants et de négociations inter-libyennes. Il était devenu crucial depuis ces derniers mois avec la montée en puissance du groupe terroriste de l'Etat islamique en Libye. Le document a été paraphé par 80 des 188 membres du Parlement de Tobrouk, ainsi qu'une cinquantaine des 136 députés du Congrès général national (CGN), auxquels s'ajoutent des indépendants, des représentants de partis politiques, des représentants de la société civile et des communes. Déjà au début d'octobre, des membres des deux Parlements avaient approuvé ce projet d'accord négocié sous l'égide de l'ONU, mais il a été ensuite rejeté par les instancesrespectives. Le véritable enjeu commence ces jours-ci, avec la constitution du gouvernement d'union qui risque de susciter des levées de boucliers plus ou moins radicales. Ainsi, le président du Conseil général national (Tripoli), Nouri Abou Sahmein, avait pris soin jeudi de rappeler que ́ ́Celui qui n'a pas été mandaté (...) par le CGN pour signer ou parapher un accord en son nom est, et restera, sans légitimité ́ ́. Le gouvernement tel qu'il est proposé par l'ONU ́ ́ne fait pas l'objet d'un consensus et ne garantit même pas le minimum requis pour garantir son efficacité ́ ́, a-t-il ajouté. M.Abou Sahmein avait rencontré mardi à Malte Aguila Saleh, président du Parlement reconnu par la communauté internationale et siégeant dans l'Est, pour la première fois depuis le début du conflit entre deux autorités rivales en 2014. L'Accord onusien a prévu de transcender les rivalités qui opposent les deux Parlements rivaux depuis 2014 en répartissant le législatif entre une Chambre des Représentants pour Tobrouk et un Conseil d'Etat pour Tripoli. Quant à l'Exécutif, il devrait être confié à un conseil présidentiel de neuf ministres, l'ensemble de ces institutions devant siéger dans la capitale libyenne, Tripoli, où règnent en maître absolu les milices de Fadjr Libya. La genèse de ce succès se situe en mars 2015 lorsque Alger avait accueilli les premiers pourparlers inter-libyens, couronnés par l'engagement des partis politiques et des personnalités influentes à agir en faveur du règlement de la crise par le dialogue politique. Première en son genre, cette rencontre, suivie par plusieurs autres chaque fois que la situation l'exigeait, aura constitué une opportunité majeure pour la recherche d'une solution politique garantissant l'unité et la sécurité du peuple libyen ainsi que de l'intégrité territoriale du pays. L'Algérie n'a ainsi ménagé ni sa peine ni ses moyens pour permettre de progresser dans cette voie qu'elle a toujours présentée comme la seule à même de garantir une réelle restauration de la paix et de la souveraineté de la Libye Son dynamisme et sa disponibilité constante ont d'ailleurs été maintes fois salués aussi bien par les Libyens eux-mêmes que par l'ensemble de la communauté internationale. N'est-ce pas en effet la première réunion à Alger, en mars 2015, qui a permis d'aborder, pour les poursuivre et les approfondir par après, les sujets cruciaux et d'effectuer ainsi «un pas fondamental» en faveur de la solution politique, devenue un leitmotiv?