Des membres influents dans l'équipe de discussion à Skhirat (Maroc) ont fait part de leur crainte quant à un échec du dialogue interlibyen parrainé par l'Onu et dans lequel l'Algérie est directement impliquée. Une réunion de Bernardino Leon, représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en Libye, avec des membres des milices et des élus locaux de Tripoli, a provoqué la colère du Conseil général national (CGN, Parlement parallèle non reconnu), qui a menacé, hier, de se retirer du processus de dialogue interlibyen. Le CGN, qui a affirmé que cette rencontre ne devait pas avoir lieu, a publié un communiqué virulent dans lequel il a annoncé son intention de sanctionner les personnes qui ont répondu à l'invitation de Bernardino Leon. Le président du Parlement parallèle de Tripoli, Nouri Ali Abou Sahmein, est allé jusqu'à parler de violation de la souveraineté de la Libye, alors que son institution ne bénéficie d'aucune légitimité politique. Et si le CGN prend part au dialogue interlibyen, c'est en raison de la volonté de la communauté internationale d'aboutir à une solution pacifique qui évitera une nouvelle intervention étrangère en Libye et un chaos dans ce pays, les Etats de la région de l'Afrique du Nord et du Sahel. Dans un contexte marqué par l'implantation de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Ei/Daech) en Libye, la communauté internationale cherche à éviter le pire en maintenant la pression sur les acteurs de la crise pour la formation d'un gouvernement d'union nationale d'ici à la fin du mois de septembre. Bernardino Leon a avancé la date du 20 septembre pour la signature, par le CGN, de l'accord de paix onusien à Skhirat, mais cette échéance risquerait d'être reportée à cause de cette réunion qui avait pour objectif d'expliquer l'urgence d'aboutir à un premier accord, avant de passer à une autre phase du dialogue. Dans une déclaration à la presse libyenne, le représentant du Parlement exilé à Tobrouk, Aboubakr Baera, a averti sur le risque d'échec du dialogue onusien, en affirmant : "Nous avons accepté le dialogue avec le Congrès général national parce qu'il est une force sur le terrain et non pas parce qu'il dispose d'une quelconque légitimité politique. Et s'ils (membres du CGN, ndlr) refusent de signer l'accord de paix le 20 septembre, le pays sera condamné à la scission", lit-on dans les sites libyens d'information. Par ailleurs, la situation sécuritaire n'a pas cessé de se dégrader. Outre les violences opposant l'armée loyale au gouvernement de Tobrouk (reconnu) aux milices islamistes, relevant de la coalition dirigée par Fajr Libya, le pays connaît une montée en puissance de Daech qui contrôle quasiment toute la ville cotière de Syrte et qui tente de placer ses pions à Benghazi, depuis le début de l'été. Hier, de nouveaux affrontements ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Benghazi, faisant une dizaine de morts dans le camp de Daech et des forces armées dirigées par l'ancien général à la retraite Khalifa Haftar. À Syrte, des habitants ont affirmé que Daech s'apprête à imposer l'impôt à tous les commerçants de la ville, au risque de revivre le même scénario de révolte que cette organisation a connu à Derna (est), une des premières villes libyennes où elle s'est implantée avant d'être chassée par le "Conseil des combattants de Derna", avec l'appui de la population locale. L.M.