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L'Iran et la Russie jubilent RESOLUTION DU CONSEIL DE SECURITE APPELANT À UN CESSEZ-LE-FEU EN SYRIE / ALORS QUE L'ARABIE SAOUDITE ET LA TURQUIE TRINQUENT
Une victoire du camp de la paix Après quatre années d'affrontements armés ayant coûté la vie à 250.000 personnes, la Syrie cesse d'être un champ de bataille d'une guerre par procuration. Une résolution appelant à un cessez-le-feu et à des négociations de paix dès début janvier prochain a été adoptée, avant-hier, à l'unanimité par les 15 membres du Conseil de sécurité. Cette résolution fait évidemment le bonheur des uns et rend malheureux d'autres. D'un côté, l'Iran et la Russie jubilent. Pour ces deux pays, il n'est pas question d'imposer un changement en Syrie et c'est au peuple syrien seul de décider qui présidera à ses destinées. De l'autre côté, l'Arabie saoudite et la Turquie qui trinquent car la paix n'arrange pas, hélas, les desseins de ces deux pays. Par cet accord, la Russie vient de confirmer la justesse de ses visions et son intransigeance a payé. Il n'est pas question de céder aux pressions de la communauté internationale quand il s'agit de défendre ses intérêts. Le président russe a affirmé que les frappes que mène l'aviation russe en Syrie depuis plusieurs mois «soutenaient» non seulement l'offensive de l'armée régulière, mais également celle de l'opposition qui combat l'organisation Etat islamique (EI). Il a redit que jamais Moscou n'accepterait «qu'on impose le départ d'un dirigeant», en référence à la position des Etats-Unis, qui demandent, comme la France, le départ de Bachar Al-Assad. Poutine vient de gagner un bras de fer mondial et rappelle à la communauté internationale que son pays compte sur l'échiquier géostratégique. Il n'est pas question de remodeler la planète sans l'accord de Moscou qui vient de sonner le glas d'un monde unipolaire. Pour sa part, l'Iran jubile et il a toutes les raisons de le faire. En juillet dernier, il a signé un accord sur le nucléaire et s'est engagé à ne pas fabriquer la bombe atomique. Le pays perse revient dans le jeu international après 12 ans de sanctions économiques et de pressions diplomatiques. Les Saoudiens et la main du diable Cet accord pour la paix en Syrie consacre désormais son rôle de pays incontournable pour les gros enjeux internationaux, notamment au Moyen-Orient. Comment? Il vient de damer le pion à l'Arabie saoudite qui le contre au Bahreïn, en Irak, au Yémen et en Syrie en raison des accointances avec les chiites. Disposant d'énormes leviers financiers (les pétrodollars) et de logistiques (les armes), les Saoudiens aspirent à devenir des donneurs d'ordres au Moyen-Orient. Pour cela, il faut écraser toute voix discordante dans la région dont celle de l'Iran qui est devenu l'ennemi à abattre à tout prix quitte à décorer le diable aux Lieux Saints. L'Arabie saoudite sponsorise les organisations terroristes au vu et au su de la communauté internationale. L'Arabie saoudite qui dispose de 400 avions de combat mais n'a engagé que 15 dans la coalition internationale contre Daesh en Syrie. C'est au Yémen, que près de 100 avions sont en opération et bombardent dans le cadre de la coalition de 10 pays arabes sunnites contre les houthis chiites pro Iraniens. C'est donc bien contre les chiites que l'Arabie saoudite mobilise son arsenal de guerre et non contre Al Qaîda et Daesh. La stratégie saoudienne est claire: elle a toujours combattu les chiites et ne peut considérer Daesh comme étant une menace. De même qu'en Syrie, il fallait abattre le régime de Bachar al Assad appuyé par la Russie et l'Iran. Pour contrer les opérations de la Russie en Syrie, l'Arabie saoudite a tout essayé. Des sources diplomatiques rapportent qu'une enveloppe de 10 milliards de dollars a été proposée par le Royaume saoudien à la Russie. Une offre qui a reçu un niet catégorique. Selon la même source Poutine aurait rétorqué sèchement: «Nos positions ne se monnaient pas!». C'est à la suite de ce refus humiliant que l'Arabie saoudite a lancé une campagne de dénigrement qualifiant les bombardements de l'aviation russe en Syrie d'Alliance chrétienne contre les musulmans. Une pétition signée par les 53 membres du clergé saoudien affirme que les bombardements de l'aviation russe avaient visé les combattants de la guerre sainte en Syrie. Sur ce plan, les Syriens ne se font pas de doute. Erdogan a fait tout faux Le régime de Damas est convaincu que ces affrontements de plus grande ampleur sont planifiés par des services de renseignement étrangers, conduits par ceux de l'Arabie saoudite et du prince Bandar Ben Sultan, leur chef, qui a fait de la chute de Bachar el-Assad une question personnelle. L'autre victime collatérale de cet accord de paix est la Turquie. Dans un point presse qu'a tenu, il y a quelques semaines, le vice-ministre russe de la Défense, Alexey Antonov, a présenté des images précises des trois itinéraires utilisés par les terroristes pour écouler le pétrole qu'ils vendent en toute illégalité et le rôle direct de la Turquie qui soutient cette organisation criminelle qui menace la planète entière. Selon Alexey Antonov, «la vente de pétrole irakien et syrien rapporte chaque année deux milliards de dollars aux terroristes.». Il a ajouté que «la Turquie est le principal consommateur. Selon nos informations, l'élite politique turque, le président Recep Tayyip Erdogan et sa famille sont impliqués dans ce commerce criminel». Face à cet immense trafic, ni les autorités turques, encore moins la coalition n'ont bougé le petit doigt. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait tout faux en se brouillant avec la Russie. Pensant être un pilier sur le flanc oriental de l'Otan, une organisation honnie par Moscou, la Turquie est sans doute le pays qui a le plus à perdre dans cette brouille car son économie est dépendante de ses approvisionnements énergétiques russes. La querelle pourrait coûter jusqu'à 9 milliards de dollars à la Turquie. Elle est en outre aux premières loges du conflit syrien, partageant une frontière d'environ 800 kilomètres avec le pays de Bachar al-Assad. Il fallait stopper la guerre car il faut dire que jusque-là la stratégie occidentale basée sur les bombardements a produit le pire. Au fait que sont devenus les combattants formés par la coalition en Irak et en Syrie? Où sont les armes qui leur ont été fournies par cette même coalition? Plus l'engagement militaire s'accentuait, plus le terrorisme redoublait de férocité. Il fallait essayer autre chose, la médiation pour aboutir à la paix que n'ont cessé de réclamer l'Algérie et la Russie.