Encore des sanctions contre une télévision en Tunisie, prononcées par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). C'est la chaîne TV privée Al Hiwar Ettounsi qui a été frappée le 15 décembre 2015. Deux de ses émissions ont été suspendues pour une période d'un mois. Le programme «Labess» présenté par Naoufel Ouertani et l'émission «Li Man Yajroo Faqat» animée par Samir El Wafi. Dans un communiqué rendu public, la Haica explique que des comportements inadmissibles sont survenus sur les plateaux de ces émissions. Elle précise que le 13 décembre dernier, lors de la diffusion de «Li Man Yajroo Faqat», les invités se sont insultés sous le regard du présentateur qui n'a rien fait pour arrêter cette engueulade impliquant jusqu'au président de l'Organisation tunisienne de la sécurité et du citoyen, Issam Dardouri. La veille, le 12 décembre, on avait presque assisté à un pugilat sur le plateau de l'émission de «Labess», entre Rached Khiari, patron du site Internet islamiste Essada et un ex-militant du défunt parti de Ben Ali, l'ex-président déchu. La Haica relève que ce militant, à savoir Mondher Ghefrech, a eu la latitude de tenir un discours pro Ben Ali, déroulant une campagne pour le retour de ce dernier au pouvoir, avec toutes les conséquences susceptibles de se produire au plan sécuritaire. Pour le régulateur, ces comportements violents constituent une atteinte à l'intégrité humaine et à la vie privée. La Haica a décidé que sur le site Web et les réseaux sociaux de la chaîne Al Hiwar Ettounsi, il n'y ait plus la moindre trace des deux dernières éditions des émissions. Cette décision a été été très critiquée sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a exprimé vendredi dernier «son soutien total» à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), dénonçant une «campagne de diabolisation et de diffamation» dont elle fait l'objet. Selon le Snjt, cette campagne menée par des établissements médiatiques privés intervient suite à la décision de l'Instance de régulation audiovisuelle de suspendre pour une durée d'un mois les émissions «Labess» et «Liman Yajroo Faqat», diffusées sur la chaîne privée d'El Hawar Ettounsi. Le Snjt estime, dans un communiqué, que ces déclarations sont «insultantes pour la Haica et pour ses membres, et sont contraires à l'éthique professionnelle; de même qu'elles témoignent d'un refus au principe de régulation de l'audiovisuel». «Les décisions prises par la Haica relèvent de sa compétence. Pour s'y opposer, il faut saisir la justice et non orchestrer des campagnes médiatiques», a indiqué l'organisation des journalistes. Le Snjt a exhorté les journalistes «à ne pas faire partie de la campagne de dénigrement contre la Haica», considérant que cette campagne vise à «porter atteinte à l'un des principaux acquis de l'information en Tunisie». Le but est, selon l'organisation, de favoriser le retour du ministère de l'Information comme cela a été présenté sur certains plateaux de télévision. [email protected]