Les animateurs de la campagne électorale tunisienne ne ratent aucune occasion de mêler l'Algérie à la situation prévalant dans leur pays, et le rôle qu'elle pourrait jouer pour une sortie de la crise multidimensionnelle que vit la Tunisie. "L'Algérie, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et certains pays de l'Union européenne seraient prêts à soutenir le parti Al-Mahabba en cas de victoire aux élections." C'est une déclaration faite par Nizar N'sibi, tête de liste à la localité de La Manouba, banlieue ouest de Tunis, à une radio tunisienne privée. Selon l'orateur, ces pays seraient prêts à accorder à la Tunisie 9 000 milliards de dinars (1 euro = 2,2 dinars) à injecter dans le circuit économique ajoutant que le président du parti, en l'occurrence Hachemi Hamedi, est capable d'attirer de gros investissements vers la Tunisie en cas de victoire aux élections. Il a ajouté que "notre programme n'est pas utopique. Il est réalisable car beaucoup d'argent nous attend". Quel crédit peut-on accorder à une telle déclaration venant d'un candidat aux élections législatives dont le patron s'est empressé de corriger les propos ? Hachemi Hamedi, candidat à la présidentielle et propriétaire de la chaîne télévisée Al-Moustaquilla, émettant depuis Londres, est parmi les rares Tunisiens à n'avoir pas regagné la Tunisie après la "révolution" de janvier 2011. Suite à la déclaration du candidat N'sibi, il est intervenu pour préciser qu'il ne s'agit pas de soutien financier — à fonds perdus — de la part des pays cités, mais de la création d'un fonds auquel ces pays seraient prêts à participer dans le cadre d'une opération d'investissement dont eux-mêmes tireraient profit. Son côté folklorique réside dans sa "fameuse" déclaration faite en 2011 et selon laquelle — en cas d'accès à la magistrature suprême —, il bouderait le palais de Carthage et partagerait les conditions de vie des citoyens démunis en élisant domicile dans le quartier le plus pauvre de Tunis (douar Hicher). L'Algérie est encore présente dans une déclaration du gourou du parti islamiste Rached Ghannouchi qui a suggéré l'exemption de tous les Maghrébins de la taxe de voyage imposée à tous les étrangers à leur sortie du territoire tunisien à partir du 1er octobre sous l'étiquette de "timbre de la solidarité". En outre, le parti Ennahda loue, dans un communiqué rendu public, mercredi, la position de l'Algérie qui s'érige contre toute intervention étrangère dans le conflit interne libyen. Comment interpréter tout cet intérêt à l'Algérie ? La réponse pourrait résider, du moins en partie, dans les discussions des citoyens quand il s'agit d'aborder la question la plus épineuse, à savoir celle du terrorisme, reconnaissant, pour la plupart, le soutien de l'Algérie à la Tunisie dans la lutte contre l'hydre qui menace la sécurité et la stabilité du pays. À ce propos, officiellement, on a annoncé l'arrestation de deux supposés terroristes rôdant dans les environs du djebel Chaâmbi. Il s'agirait de deux Algériens qui s'étaient infiltrés en Tunisie pour regagner le maquis en appui à katibet Okba-Bin-Nafaâ opérant dans cette montagne frontalière avec l'Algérie. En lien étroit avec ce phénomène, la haute autorité indépendante de communication audiovisuelle (Haica) a décidé la suspension, pour un mois, de l'émission hebdomadaire "Li-man yajro' faqat" (à qui ose seulement) de la chaîne Al-Hiwar Ettounsi pour avoir permis à l'un de ses invités, le journaliste Nasreddine Ben Hadid, de faire l'apologie du terrorisme. Par ailleurs, les élections coûteront au Trésor tunisien la bagatelle de 12 millions de dinars contre 8,3 millions de dinars en 2011, selon le ministère des Finances et de l'Economie. À la date du 3 octobre, une première tranche de cinq millions de dinars a été décaissée au profit des listes candidates sur 27 circonscriptions électorales en Tunisie et 6 à l'étranger. Le financement est calculé en fonction du nombre d'électeurs, du coût de la vie et de la densité humaine des circonscriptions. M. K.