En ces jours de restrictions budgétaires, le cinéma algérien va connaître une période de vaches maigres. Quand la crise économique a touché le pays dans les années 1980, ce sont les entreprises cinématographiques qui ont été sacrifiées par le gouvernement: l'Enpa et le Caaic. Aujourd'hui on est en passe de connaître le même scénario si le prix du baril de pétrole poursuit sa chute. On évoque une restructuration du service cinéma où certains Epics dépendant du ministère de la Culture vont être sacrifiés. Mais ce qu'il faut revoir surtout, ce sont les modalités de production de films. Certains films ne sont pas rentables et leur financement est une grande perte pour les caisses du cinéma algérien. L'un des baromètres pour connaître la rentabilité d'un film, ce sont bien les salles de cinéma, or aucun film n'est testé dans les salles pour vérifier sa rentabilité. Le seul film qui a testé la sienne c'est bien, celui de Zakaria Ramdane, qui s'est construit un véritable circuit commercial, en distribuant lui-même son film «Algérie pour toujours» dans les salles algériennes et s'est même construit un parcours dans les salles de cinéma dans le monde: en Turquie, en France, en Suède, au Japon mais aussi en Allemagne. C'est la première fois d'ailleurs qu'un producteur et réalisateur algérien, s'évertue à faire rentabiliser sa production en la distribuant un peu partout dans le monde. La raison est simple, le producteur oranais a autoproduit son film et prêté de l'argent pour financer son oeuvre, il est donc normal qu'il cherche à faire rentrer l'argent de la production de son film. L'un de ses arguments de vente de son film, c'est la participation de la star de la boxe mondiale Mike Tyson. En mettant à l'affiche une star américaine pour quelques minutes, il a ouvert les portes à de nombreux distributeurs dans le monde. Chez nous, la majorité des films cinéma sort pour une avant-première unique et finit sa carrière dans les tiroirs. Avec aucune star internationale à l'affiche, il n'y a aucune chance pour que le film soit distribué dans le monde. Mais l'autre source de revenus du cinéma algérien qui est négligé au profit d'un subventionnement du cinéma c'est l'argent des salles privées et étatiques. Ainsi, depuis plusieurs années, le Fdatic (Fonds d'aide au cinéma algérien) ne récolte pas l'argent des tickets vendus dans les salles de cinéma en Algérie. Le Fdatic peut ainsi bénéficier des rentrées financières de la commercialisation des films à succès comme James Bond et Star Wars. Sans oublier les recettes des films algériens coproduits avec la France et qui ne sont jamais rapatriées en Algérie. [email protected]