Si l'avenir du cinéma est dans les mains du Cnca, qu'en est-il pour le secteur culturel en Algérie. Explication... Lors d'une rencontre avec la presse, mercredi dernier, en marge de la cérémonie de remise de prix organisée en l'honneur de Sid Ali Kouiret, Khalida Toumi, ministre de la Culture, fait le point quant au choix de l'organisme du Cnca et son statut d'EPA et revient sur le vide culturel et son corollaire en particulier l'absence d'argent au sein du fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique... (Fdatic) Au même titre que les réalisateurs et autres professionnels du secteur cinématographique qui butent sur l'absence de moyens financiers à même de lancer leur projet et réaliser des films, Khalida Toumi s'interroge sur le pourquoi de cette «non-assistance» aux réalisateurs. Autrement dit, sur l'indifférence du ministère des Finances, premier responsable à même d'alimenter le Fdatic. «Allez leur demander pourquoi, car moi-même j'aimerai savoir», s'est-elle écrié avant de positiver quant à un meilleur avenir pour les créateurs en Algérie car, dit-elle, «notre jeunesse est saine, je crois en elle». Est-ce à dire que ses proches collaborateurs ou ses vieux responsables croulants ne le sont pas? Une allusion à peine maquillée, peut-être, pour dire l'incompétence de certains? En tout cas, Khalida Toumi, cela se voit et surtout ça s'entend en a trop sur le coeur. Ecoutons-la. L'Expression: Le Cnca vient d'être créé. Nous avons remarqué qu'aucun professionnel du cinéma ne figure parmi les membres du conseil d'orientation. Pourquoi ? Pourrions-nous avoir une explication là-dessus? Khalida Toumi: Vous confondez entre deux choses: la commission qui doit statuer pour donner les aides et la commission d'orientation qui est prévue par les statuts de toutes les EPA. Quelles que soient les EPA, c'est l'administration qui veut ça. Au niveau de la gestion, croyez-vous que M.Belkacem Belhadjadj ou bien M.Kamel Dahan cela les intéressent d'aller gérer l'administration du Cnca? Non, pas du tout. Ce qui les intéressent c'est de faire des films. Donc, ce qui les intéressent c'est la commission de lecture des scénarios et non pas censurer. La commission de lecture est composée de professionnels qui eux décident si un tel scénario mérite d'être aidé ou pas, s'il doit être réécrit ou pas. La commission, elle, existe, elle est présidée par M.Merbah. Elle est constituée de cinéastes, d'écrivains... Quant au Cnca, il se fait que toutes les EPA d'Algérie quelle que soit leur nature, se doivent d'avoir un conseil d'orientation pour la gestion de l'EPA, c'est la loi. Maintenant l'aide à la production, c'est autre chose. C'est une prérogative de puissance publique que détient le ministre de la Culture. Ce dernier comme il n'est pas spécialiste se fait aider par une commission composée d'experts et cela ne suffit pas. Mais elle doit être indépendante. Si c'était une Epic, on n'aurait pas pu lui donner des missions de puissance publique. Parce que c'est une EPA, le ministre peut la charger de ce genre de missions et lui, se décharger de certaines prérogatives, parce que c'est une EPA. Tandis que si vous pensez une entreprise commerciale, même si elle est publique, vous ne pouvez pas lui donner des missions de puissance publique, dont l'aide au cinéma. Qu'en est-il exactement de cette aide au cinéma dont beaucoup de réalisateurs se plaignent, car le Fdatic tarde à assumer ses promesses d'argent? L'aide au cinéma est financée par le Fdatic. Un Fdatic vide ! Qui gère l'argent ? Le ministère de la Culture d'après-vous? Le Fdatic est alimenté par le ministère des Finances. Allez demander à ces gens-là pourquoi ils ne donnent pas d'argent au cinéma. Posez-leur la question. Dites-leur pourquoi la demande du ministère de la Culture de mettre de l'argent dans le Fdatic n'a pas été écoutée. Nous-mêmes nous voudrions savoir pourquoi... J'espère que vous connaissez ma position. Aujourd'hui, moi j'ai fait tout ça pour dire que regardez la preuve, dès que l'Etat a aidé les cinéastes algériens. Comment? L'Etat a donné au ministère de la Culture de l'argent à travers quoi? Le Fdatic qui l'a donné aux cinéastes. On aimerait savoir pourquoi, il n'y a plus d'argent... Vous nous demandez une aide? Pas «nous»! que vous aidiez, le cinéma. C'est-à-dire que nous nous aidions tous. Le cinéma c'est du bonheur pour nous tous. Mais il n'y a pas que le cinéma qu'il faut aider, il y a le théâtre, le patrimoine...Mais je suis sûr que cela va changer parce que je fais confiance en votre génération qui est plus saine. J'en suis certaine et je le dis sans démagogie, j'ai confiance en nos jeunes. Pour revenir à l'origine du Fdatic. Au départ, il était alimenté par une taxe qui était prélevée sur les billets d'entrée dans les salles de cinéma. A l'indépendance, il y avait à peu près 400 salles. Dans les années 70, les films que l'Algérie a réalisés ont été financés par le Fdadic grâce à cette fameuse taxe. Aujourd'hui, depuis 1987, il ne reste qu'une trentaine de salles de cinéma capables d'assurer leur rôle. Même si vous prélevez une taxe sur les rentrées ! cela ne renflouera jamais le Fdatic. Par ailleurs, les organismes qui géraient, du style Caaic et Enpa, ont été dissoutes mais remplacées par rien. D'une part, plus de salles et d'autre part, plus d'institutions qui puissent faire ce travail de prélèvement. Aussi, que faut-il faire? Le ministère de la Culture a décidé de remettre en place le réseau des salles de cinéma. Nous avons, pour ce faire, proposé à l'Etat de réhabiliter les salles qui sont dans un mauvais état et puis nous encouragerons le privé à investir dans les salles de cinéma. Comme ça, nous reconstituerons notre réseau de salles et nous prélèverons des taxes sur les rentrées. C'est le CNC qui peut faire ce travail. En attendant de faire ça, nous poursuivons ce qu'a fait le gouvernement dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France, c'est-à-dire donner de l'argent à partir du Trésor sur le budget de l'Etat que nous avons donné au Fdatic. C'est celui-là que nous avons remis aux cinéastes. Le ministère de la Culture propose que l'on continue cette dotation exceptionnelle pendant 4 ans, le temps qu'on reconstitue le réseau des salles. C'est cela la stratégie du ministère de la Culture. D'une part à travers le travail du CNC et d'autre part par l'incitation fiscale aux entreprises privées algériennes ou étrangères qu'il faut encourager à investir dans la construction de salles de spectacle et de cinéma.