Dans son village natal, on se prépare Hocine Ait Ahmed reposera à Sidi Ali Ouamar Aït Ahmed, petit village des cimes du Djurdjura s'est réveillé tôt hier vendredi. Les villageois s'apprêtaient dès les premières heures à entamer le travail d'organisation et d'aménagement pour recevoir les milliers de personnes qui viendront durant toute cette semaine rendre un dernier hommage à Si l'hocine comme l'appellent les gens ici à Aïn El Hammam. La tâche n'est pas aisée malgré la solidarité des villages voisins. Hier déjà, les espaces devenaient exigus et les routes étroites. Les services de sécurité ont renforcé les mesures de sécurité tout comme les services de la mairie d'Aït Yahia. Les archs et villages voisins ont vite compris que la tâche était difficile pour le seul village d'Ath Ahmed. Tout seul, l'organisation des funérailles d'un homme d'une telle envergure relève de l'impossible. C'est pourquoi, dès la matinée, les villageois des archs voisins se sont mobilisés pour aider à l'accomplissement du travail. «Je viens des Aït Hichem. Je me sens concerné. Je prends part à l'organisation», nous explique un jeune qui s'affairait à déblayer les abords du chemin qui mène au village. L'immensité de la tâche n'a pas concerné uniquement les citoyens. Bien au contraire, les services de la mairie d'Ait Yahia ont dès la matinée entamé les travaux d'élargissement de la voie sur plusieurs kilomètres. «Sans ce travail, il sera impossibile d'accueillr le grand nombre de véhicules qui commencent déjà à affluer vers ce petit village», explique un responsable de la voirie à ce propos. Les préparatifs étaient intenses alors que plusieurs kilomètres nous séparent déjà du village. Ce petit village où naissaient des grands Arrivée à la place du village. Les membres de la famille de Si Lhocine nous ont chaleureusement accueillis. Tout de suite, l'on ressentait la présence éternelle du penseur cheikh Mohand Oulhocine. Si l'Hocine est son neveu qui vient le rejoindre pour reposer près de lui. La foule grossissait déjà aux alentours de son mausolée. L'esplanade était déjà pleine de visiteurs venus passer leur message de deuil à la famille du défunt. «Je le connaissais encore petit enfant. Je suis son cousin et oncle.» C'est la première personne qui vient nous parler de Si l'Hocine. Son oncle. «On ne peut pas imaginer le courage qu'il avait. C'était lui qui organisait durant ses années aux lycées, les jeunes scouts. Il savait qu'il risquait la prison, mais il s'acharnait à accomplir ce travail. C'était un militant infatigable du Mouvement national» ajoutait-il. Il faut dire aussi que l'ombre de cheikh Mohand planait sur les lieux. Ses sages paroles aussi n'étaient pas absentes. Sur l'esplanade, l'on pouvait rencontrer des personnes comme si elles venaient d'un autre siècle. C'est le cas de cheikh Ali, un vieil homme ermite à la barbe blanche. Sur ses lèvres coulaient comme des perles de sagesse les paroles du cheikh Mohand Oulhocine. «Je suis de Cherfa N'Bahloul à Azazga, mais je vais partout. Je suis un «Sayah» l'équivalent approximatif d'ermite. Un autre vieil homme s'approcha de nous pour parler de Si Lhocine. «Il était d'un courage étonnant. Mais surtout d'une sagesse et clairvoyance inouïe, pour son âge», affirmait-il. «Je l'ai connu surtout lors du soulèvement de 1963. J'étais un de ses compagnons», racontait-il attristé par la mort de Si l'Hocine. Les autorités se joignent aux citoyens Avant dimanche, tout ce que vous entendrez sur la date de son enterrement ne sera que de la rumeur. Affirmait le coordinateur des comités de villages qui était également chargé de l'orientation des visiteurs et des journalistes. Profitant aussi de notre présence, l'orateur lançait un appel aux visiteurs qui viendront durant toute la semaine de ne pas venir par voiture jusqu'au village. «Notre village ne pourra pas accueillir ce nombre de voitures. Nous appelons nos hôtes à passer aux différents chefs-lieux des communes de notre daïra. Il y a des bus réservés pour les amener à Ath Hmed», assurait-il. Notre interlocuteur rappellera les efforts de la mairie d'Aït Yahia pour prévenir les embouteillages en effectuant les travaux d'élargissement de la route. C'était justement le moment de s'y mettre, dans l'après-midi d'hier vendredi, les visiteurs devenaient de plus en plus nombreux. Les embouteillages se formaient. Des délégations d'officiels commençaient à se faire de plus en plus fréquentes.Comme de coutume en Kabylie, les villageois sortaient des plats de couscous pour les visiteurs. Dans plusieurs recoins du village, des visiteurs formaient des cercles pour étancher leur soif. «Oui, nous offrons aux visiteurs venus de loin de la nourriture. C'est aussi un volet important dans l'accueil. Cette tâche est répartie sur les maisons», nous expliquait un villageois. Pèlerinage au cimetière de Sidi Ali Ou Amara Par ailleurs, il est à noter que les gens qui venaient voulaient tous savoir quand le défunt Si l'Hocine sera enterré. Faute d'informations à ce sujet et les rumeurs balayées d'un revers de la main par le coordinateur et membre de la famille d'Ait Ahmed, les visiteurs se rendaient comme en pèlerinage dans le cimetière de Sidi Ali Ouamara. C'est dans ce cimetière situé en bas du village que Si l'Hocine reposera à côté de ses parents. «C'est dans cette place que nous prévoyons la tombe du défunt. Il reposera comme il le souhaitait au côté de ses parents», nous informait un membre du comité de village qui était en charge de l'orientation des visiteurs qui désirent se rendre dans le cimetière. Enfin, notons que la semaine sera difficile pour les villageois d'Ath Hmed dont le village sera le centre du monde. Malgré la difficulté, Ath Hmed a toujours été la Mecque des visiteurs du temps de cheikh Mohand Oulhocine.