La maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou abrite, depuis hier, un colloque sur la vie et l'œuvre de cheikh Mohand ou Lhocine. L'ouverture officielle a été faite par le directeur de la maison de la Culture et par des poètes, à l'image d'Ahmed Lahlou de Béjaïa. Ce dernier, un personnage bien connu, ayant interprété le rôle de si Mohand ou M'hand dans divers réalisations cinématographiques sur le poète. Lors de la prise de parole, les participants ont évoqué les particularités du cheikh, sa poésie, sa sagesse et sa connaissance des sciences traditionnelles, honoré par le titre d'amusnaw (savant), lui qui a recommandé la nécessité d'une “primauté des valeurs et coutumes traditionnelles sur le dogme religieux, confirmant ainsi sa spécificité à l'islam kabyle”. Le mausolée de cheikh Mohand ou Lhocine, situé dans la région d'Aït Yahia (Aïn El-Hammam), connaît jusqu'à présent une influence et un engouement des gens de la région et d'ailleurs qui viennent effectuer un pèlerinage sur sa tombe. Des siècles après, la mémoire de ce sage est évoquée, cherchant du réconfort. Cheikh Mohand ou Lhocine est né vers 1838 à Taka, dans la commune d'Aït Yahia. Issu d'une famille de marabouts, du village ath Ahmed, le cheikh était réputé pour sa grande culture et sera, dès son enfance, marqué par le colonialisme (1852-1857). Il assiste en 1871 à l'insurrection kabyle. Lors d'une conférence animée hier dans l'après-midi par le professeur et chercheur Saïd Chemakh, ce dernier est revenu sur la poésie kabyle à travers les traditions orales, puis à travers la poésie de cheikh Mohand et si Moh ou M'hand : “Depuis la nuit des temps, la poésie existait en Kabylie. Un art qui signifie construction, au sens propre du mot, transmis par une tradition orale.” Il est revenu également sur l'écriture de cette poésie, comme l'a fait cheikh Mohand, dans un souci de transmission. Il parle de l'évolution de la poésie kabyle à travers si Moh ou M'hand et cheikh Mohand ou Lhocine liés par une spiritualité et non par la religiosité, celle-ci considérée, selon l'orateur, comme une forme de croyance adoptée par les peuples. L'auteur Mohand Ouramdan Larabi, dans une autre communication, est revenu sur la vie du cheikh à travers une vision “de conseillé”. Un homme estimé de la population qui venait le voir pour trouver des solutions à leurs problèmes liés à la communauté ou à des soucies de santé… Un poète qui, selon le conférencier, n'a pas fait d'études, mais “il était sage du fait de son intelligence”. Il mourut en 1901 et sera enterré à Aït Yahia où se trouve son tombeau. Chaque année, une zarda est organisée à son honneur, rassemblant des milliers de gens. Les travaux du colloque prendront fin ce dimanche dans la soirée avec plusieurs communications prévues par les organisateurs.