La tripartite qu'Ouyahia a annoncée pour le mois prochain risque d'accentuer le désaccord autour de cette question. Les travaux de la bipartite tenus les jeudi et vendredi au Palais du gouvernement entre la coordination des organisations patronales composée de la Cnpa, la Cipa, la CAP, la Cgea et de l'Unep et l'Exécutif, se sont soldés par le paraphe d'un procès-verbal. Le document aborde plusieurs points parmi lesquels le financement de l'investissement, le foncier industriel, l'assainissement de l'activité informelle et la mise à niveau des entreprises. Des mesures seront initiées permettant la création d'un front contre la contrebande et la fraude. Le chef du gouvernement louant les vertus du dialogue, a estimé que la rencontre est à l'origine d' ‘'une compréhension très rapprochée de points de vue et une réduction des divergences''. Le patronat algérien a indiqué que ce sommet revêt un caractère particulier. Il lui a été loisible «d'entrevoir de meilleures possibilités d'action communes et que pour plusieurs points, les pouvoirs publics nous ont suivis dans la démarche que nous avons préconisée. Toute une action à envisager''. M. Ahcène Benyounès, président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep), a exprimé sa satisfaction. Il a affirmé que «cette rencontre est de nature à renforcer les conditions d'un meilleur fonctionnement de l'économie nationale, notamment à travers la facilitation de l'accès au crédit, le soutien à l'investissement de mise à niveau, une plus grande implication des banques privées ainsi que par la création de sociétés et de banques de financement. Il a ajouté que «l'Unep tient en outre à souligner, d'une part, tout l'intérêt qu'elle accorde au programme du gouvernement dont les objectifs et le contenu renseignent sur les perspectives de valorisation et de développement des potentialités économiques nationales en vue d'entretenir un niveau de croissance soutenu et d'autre part, son adhésion aux objectifs d'amélioration de l'environnement économique et d'accélération de la poursuite des réformes dans les divers domaines». La rencontre qui s'est déroulée à huis clos a été l'occasion pour les deux parties d'exposer les problèmes et les entraves rencontrés sur le terrain. A cet effet, la Coordination nationale du patronat a préparé un plan d'action qui s'articule autour de plusieurs points, entre autres, la lutte contre le marché informel, les réformes bancaire, fiscale et parafiscale. Sur ce dernier point, le chef du gouvernement a souligné à propos des tarifs douaniers, qu'ils sont désormais fixés et appelés à évoluer uniquement à la baisse dans le cadre des engagements extérieurs pris par l'Algérie, qu'il s'agisse de l'association avec l'Union européenne ou du processus d'adhésion à l'OMC. Dans le sillage, il a annoncé la tenue de la tripartite pour le mois prochain. Cette rencontre décisive va certainement buter sur le dossier de la privatisation que les fédérations, dans un document en cours d'élaboration sur la question, rejettent en bloc. Même si les intérêts diffèrent, il n'en demeure pas moins que ce dossier épineux, même si son principe est retenu, est à l'origine de divergences, notamment concernant les modalités et paramètres qui présideront à l'enclenchement de son processus. La nouvelle orientation économique avec toutes les réformes qu'elle charrie, repose sur une libéralisation totale des outils de production. Thèse à laquelle n'adhèrent pas les structures syndicales qui y voient une fracture sociale grave pouvant induire la perte massive d'emplois et l'anéantissement du secteur public. A ce propos, le gouvernement sera destinataire du rapport élaboré par lesdites structures. Si le partenaire social est dépositaire d'une antithèse, d'autres acteurs concernés se sont vu carrément court-circuiter du débat. La réunion marathon de jeudi qui a regroupé la coordination des organisations patronales et l'Exécutif tend à être le prélude d'un large débat avec les principaux acteurs de la scène économique. Cependant, certains couacs commencent déjà à émailler le débat général. Les entités patronales qui n'ont pas été conviées à la bipartite dénoncent des velléités d'exclusion de la part des autorités publiques. Pour ces dernières, à l'image de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea) par la voix de son président M.Khelloufi qui nous a contacté par téléphone, «il est inadmissible que des organisations représentatives soient exclues du débat». Il a fait savoir que plusieurs associations ont décidé de faire cause commune pour exiger d'être partie prenante de la prochaine tripartite. Elles sont, elles aussi, détentrices d'une plate-forme de revendications. «Nous sommes en relation permanente avec le Medef et l'Associations des banques. Nous estimons que compte tenu de notre expérience sur le terrain et de notre représentativité au sein de la sphère économique , nous sommes habilités à négocier en ce qui concerne l'avenir du pays.» Quant au patronat présent à la bipartite, par le biais de son président, M.Boualem M'rakech, il s'est dit «satisfait de l'initiative en exprimant son soutien indéfectible au programme du président de la République». A signaler que plusieurs réponses négatives ont été formulées par le gouvernement s'agissant des revendications du patronat. Le volet de la privatisation en est le plus significatif. La prochaine tripartite risque d'accentuer le désaccord autour de cette question.