Président de la Cgea, cet opérateur a été le premier à lancer l'idée d'une bipartite gouvernement-patronat. L'Expression: Pas moins de quatre organisations patronales doivent rencontrer le gouvernement ce jeudi, lors de la première bipartite de toute l'histoire de l'Algérie. Est-ce qu'il y a une coordination entre vous ou bien y allez-vous en rangs dispersés? Habib Yousfi : Le patronat a déjà exprimé par le passé la nécessité de mettre en place une coordination entre les organisations patronales. La nécessité s'est faite sentir à la suite des nombreuses tripartites durant lesquelles les sons de cloche n'étaient pas toujours tout à fait concordants. Ainsi, cette coordination a été mise en place entre la Cipa, la CAP, la Cnpa et la Cgea. Son objectif est de définir une plate-forme minimale consensuelle qui tienne compte de la nouvelle étape abordée au lendemain de l'élection présidentielle d'avril 2004. Il nous apparaît indispensable que le programme du gouvernement, conformément aux orientations électorales du président, soit correctement appliqué sur le terrain. Cela est d'autant plus vrai que les organisations patronales avaient soutenu un second mandat du président Bouteflika. Plusieurs réunions ont ainsi eu lieu entre ces quatre organisations patronales qui sont arrivées à mettre en place définitivement une plate-forme commune qu'elles souhaitent transmettre au chef du gouvernement, recommandant au passage la tenue d'une bipartite pouvoirs publics-patronat. Et donc, le gouvernement a donné suite à cette interpellation... En effet. Le gouvernement a jugé nécessaire d'organiser une bipartite, répondant ainsi au voeu des représentants du secteur privé afin d'étudier avec eux, non pas des revendications (ce mot supposant que nous sommes une opposition), mais plutôt des recommandations que les pouvoirs publics doivent prendre en charge. Cela implique la prise de décisions concrètes visant à mobiliser le secteur privé. Nous pensons que l'objectif final de cette démarche sera de stabiliser la croissance et de mobiliser au maximum les ressources humaines et naturelles existantes à travers les PME/PMI. Tactiquement parlant, donc, la coordination devient non pas le vis-à-vis mais l'allié d'un gouvernement en train d'appliquer un programme qu'elle a préalablement soutenu. Cela suppose, au passage, la résolution de nombreux problèmes soulevés dans le mémorandum, mais aussi une accélération dans les réformes qui tardent à voir le jour dans certains secteurs. Concrètement parlant, quelles sont ces préoccupations soulevées dans la plate-forme? Ces préoccupations sont d'ordre strictement pratique et technique. Elles touchent différents domaines qui découlent des réformes. Nous ne pouvons pas en dire plus pour le moment. Il sera toujours temps d'entrer dans les détails, une fois que la bipartite se sera déroulée avec le succès que nous escomptons. Quelles sont, selon vous, les raisons de l'échec de la conférence sociale et économique grâce à laquelle vous comptiez, avec l'aide de l'Ugta, amener le gouvernement à revoir quelque peu sa stratégie économique au profit des véritables investisseurs, créateurs d'emplois et de richesses? Il n'est pas du tout question d'échec. Nous sommes aujourd'hui en face d'une bipartite et non pas une tripartite. L'aspect social ne pourra être discuté qu'avec un troisième partenaire (l'Ugta. Ndlr). Ainsi le pacte socio-économique sera-t-il abordé lors de la tripartite prévue au début de l'année prochaine. En attendant, il est pour le moins déconseillé d'anticiper sur les événements.