Le projet d'amnistie générale a constitué jeudi dernier, le sujet phare développé par le RND. Présent ce week-end à l'est, à l'ouest et au centre du pays, le RND entend se «mettre à niveau» par rapport à son partenaire dans l'Alliance présidentielle, le MSP, qui, lui aussi, fait de très remarquées sorties sur le terrain. Ainsi, le parti d'Ouyahia a dépêché Miloud Chorfi, chef du groupe parlementaire et porte-parole du RND à Annaba, le chef de cabinet d'Ouyahia, Abdeslam Bouchouareb, à Tizi Ouzou, alors que Nouria Hafsi, secrétaire nationale, chargée du mouvement associatif a animé une conférence sur la réconciliation nationale à Saïda. Les trois cadres du RND ont chacun à sa manière relevé le soutien à la démarche présidentielle de la formation qu'ils représentent. Ainsi, Miloud Chorfi, d'Annaba où il présidait une rencontre régionale, a clairement signifié que ‘'le RND restera fidèle à ses positions de soutien à toutes les initiatives, passées et à venir, du président de la République pour le retour de la paix et de la réconciliation entre tous les Algériens''. Comme pour faire taire les rumeurs qui circulent sur une tension qui empoisonnerait les relations entre le président de la République et son chef du gouvernement. Lors de ce même regroupement, consacré essentiellement à l'information et la formation des militants de cinq wilayas de l'Extrême-Est, le porte-parole du Rassemblement national démocratique a également affirmé que ‘'personne ne peut occulter la volonté du président de la République de combattre le terrorisme». Une autre manière de dire que le discours foncièrement antiterroriste développé par Ouyahia est complètement assumé par le chef de l'Etat. Miloud Chorfi en a même voulu pour preuve que le discours prononcé par Bouteflika à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de la Révolution, «est clair à ce sujet, comme il est clair concernant la réconciliation nationale''. Le chef du groupe parlementaire du RND est revenu assez longuement sur le sujet de l'amnistie générale, insistant par ailleurs, sur la démarche présidentielle qui consiste à «consulter le peuple». L'initiative du président de la République a été saluée par l'orateur. De même d'ailleurs que sa consoeur du bureau national du parti, Nouria Hafsi, qui, à partir de Saïda, a exposé devant un auditoire composé de militants de son parti, la position du RND. Elle a affirmé que sa formation politique soutient le processus de réconciliation nationale, le considérant «non comme un slogan ou un phénomène de société, mais une consolidation des constantes nationales». Nouria Hafsi n'a pas manqué de rappeler les expériences de plusieurs Etats ayant connu des tragédies similaires à celles vécues par la société algérienne. Une manière de dire que l'Algérie ne fait pas exception dans ce domaine et le courage politique impose des solutions à la hauteur des défis qui attendent la nation. La secrétaire nationale du RND a développé le discours du président de la République sur la question et appelé «à tourner la page sur les affres de la décennie «noire», à bannir les esprits de vengeance et se tourner vers de nouveaux horizons pleins d'espoir, en faisant prévaloir la réconciliation nationale comme l'unique voie à la sortie de la crise». Lors de cette rencontre, le RND s'est fait aider par une approche juridique à travers une communication présentée par un juriste spécialisé dans la jurisprudence musulmane qui a expliqué les fondements religieux du concept de réconciliation dans l'Islam. Une manière de se donner toutes les chances de réussite du référendum sur l'amnistie générale, annoncée pour l'année prochaine. Au-delà de la dimension strictement politique, le parti d'Ouyahia soigne également les aspects organiques en réinvestissant la scène militante. Dépêché à Tizi Ouzou pour l'installation du coordinateur du RND, Abdeslam Bouchouareb a exhorté les cadres et les militants à participer activement à «l'enracinement» du RND sur la scène politique locale. Cette préoccupation a été abordée à Annaba par Khalfa M'barek. Ce dernier a insisté sur le rôle du militant dans la transmission du message du parti à la base. Cette triple sortie du RND intervient au moment où son partenaire dans l'Alliance, le MSP, est déjà entré en campagne pour le référendum sur l'amnistie générale. Seule fausse note au tableau de l'alliance stratégique, l'absence du FLN de cette dynamique. Laquelle donne l'impression d'être assez bien orchestrée aux fins d'assurer le succès du référendum. Cela dit, dans les milieux politiques bien introduits, on affirme que dès résorption de sa crise, le vieux parti entend faire un retour fracassant sur la scène nationale, avec notamment, une très vaste campagne de soutien à la proposition présidentielle.