La charia au lycée, la nouvelle Constitution et les élections partielles ont été abordées par les dirigeants de l'alliance. Le week-end politique a été marqué par les sorties des trois partis de l'alliance qui ont saisi l'occasion, chacun de son côté, pour réitérer leurs positions. Le RND a manifestement été le plus virulent des trois. Le Rassemblement national démocratique est sorti jeudi de sa réserve à l'occasion de la rencontre des élus d'Alger, organisée à la salle Ibn-Khaldoun. M.Chiheb Seddik, membre du bureau national du RND, a accusé explicitement le FLN et le MSP de vouloir saboter l'alliance stratégique. «Malheureusement nous avons de quoi douter de l' engagement de nos partenaires dans le sens de la consolidation de l'alliance», dira-t-il. Chiheb Seddik estime que, pour ces derniers, l'alliance est devenue un moyen pour prouver leur présence sur la scène nationale. Ce qui expliquerait, de son avis «les supposés» problèmes et divergences créés par ces deux partis. C'est le cas de la polémique suscitée par la suppression de la filière des sciences islamiques du cycle secondaire. «Cette matière est utilisée comme un support pour la mobilisation politique. Ce qui est en soi très grave dans un pays où la totalité de son peuple est musulman.» Ces remarques sont destinées bien évidemment au Mouvement de la société pour la paix, le MSP, qui, en l'absence de compromis au sein de l'alliance, s'en est remis à l'arbitrage du président de la République. Le FLN n'a pas été épargné par l'orateur qui s'est montré très virulent à l'égard des positions exprimées principalement par son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. En somme, la formation de M.Ahmed Ouyahia reproche au FLN de vouloir contrôler et dominer exclusivement la scène politique nationale en consacrant ainsi le retour à la vision «du parti unique, en usant des mêmes techniques de manipulation, utilisées pendant les années 60.» «Quarante ans baraket», s'est-il écrié. «Certains partis font de la question des élus locaux et de la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion leur fonds de commerce», a- t-il ajouté. Par ailleurs, le RND a tenu à préciser qu'il n' a jamais été question, pour sa formation en tout cas, de présenter des listes communes aux élections locales où législatives. «Les sorties de nos partenaires nous surprennent à plus d'un titre parce que nous n'avons jamais été demandeurs d'une telle démarche.» La formation du chef du gouvernement, qui a annoncé jeudi, par la voix de son porte-parole, M.Miloud Chorfi, «le lancement de la campagne électorale pour les élections locales et législatives prévues en 2007», affirme sans équivoque ses ambitions: «Nous voulons, dit-il, reprendre ce qui nous a été confisqué à tort en 2002.» Cela n'empêche pas le parti d'oeuvrer pour la consolidation de l'alliance qui constitue une nécessité dictée par les conditions politiques et sécuritaires du pays. «Nous continuons à penser que le programme du président Bouteflika ne peut être pris en charge par un seul parti.» Sur ce point justement, le RND estime que les problèmes créés par «nos partenaires constituent un subterfuge pour se soustraire aux engagements pris à l'égard du programme du président», critiquant ainsi de manière frontale «la duplicité dans le discours politique du FLN et MSP». «Ces partis doivent choisir, soit ils sont avec le président, ou alors qu'ils révèlent clairement leur position», atteste Chiheb Seddik, les accusant en des termes à peine voilés de faire dans l'opportunisme politique, notamment à travers «le marchandage des postes ministériels». Le RND contredit le FLN en estimant que la révision de la Constitution ne constitue pas «une question de l'heure». M.Chiheb Sedik a soutenu que la priorité «réside en la mobilisation en faveur du développement et le soutien au programme de relance économique et le projet de la réconciliation nationale.» FLN: «Il n'y a pas de crise» Contrairement à ses dernières sorties, le secrétaire général du FLN a essayé, pour sa part, de calmer le jeu en tenant un discours très diplomatique. Invité du Forum de la Chaîne 2 de la Radio nationale, Abdelaziz Belkhadem a affirmé qu'«il n' y a pas de lutte au sein de l'alliance, mais qu'il s'agit plutôt de divergences dans les points de vue en ce qui concerne certains dossiers d'actualité». Ce qui est à son avis, «tout à fait normal». «L'alliance réserve le droit à chaque parti de préserver ses opinions dans le cadre de sa ligne politique», atteste-t-il. Partant de ce principe, le FLN a réitéré ses positions «immuables», notamment en ce qui concerne la révision de la Constitution qui s'avère une «nécessité absolue», afin d'éviter le chevauchement entre les institutions de l'Etat, précisant que la base s'interroge sur les raisons qui font que le poste du chef du gouvernement ne revient pas au FLN qui détient la majorité au sein des assemblées élues. Le FLN a réitéré ses réserves quant à la sincérité du chef du gouvernement par rapport à l'opération «mains propres». «Il faut, rappelle-t-il, faire la rupture avec les campagnes ponctuelles qui pourront avoir des effets négatifs sur les cadres de l'Etat». Abondant dans le même sens que le RND, Belkhadem a affirmé sur la question de la suppression des sciences islamiques, qu'«une telle mesure ne constitue pas une menace sur les constantes nationales», preuve en est l'augmentation du volume horaire de cette matière. MSP: «Bouteflikaest le capitaine du navire» M.Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix, a, quant à lui, réitéré hier «son engagement indéfectible» vis-à-vis du programme du président Bouteflika. Ce dernier est qualifié de «capitaine de bord qui détient, à lui seul, le contrôle de la situation». «Notre rôle est de suivre ses orientations, et si le besoin se présente, l'aider dans les prises de position». Le président du MSP a saisi l'occasion de la cérémonie organisée en l'honneur des universitaires pour revenir sur la question des sciences islamiques. En réponse au chef du gouvernement qui a affirmé que la suppression est une décision de l'Etat, il a rappelé la détermination du président de la République «de préserver les constantes nationales, y compris l'islam et la langue arabe». Bouguerra a défendu l'alliance stratégique, estimant que sa présence au gouvernement est motivée uniquement par le souci de contrôler «le navire». «Nous n'allons pas nous empêcher de rappeler nos partenaires à l'ordre, chaque fois que la situation impose» a-t-il conclu.