On estime que Ouyahia doute de la volonté du président de la République à briguer un troisième mandat. La sortie médiatique du patron du RND n'a pas été du goût de la direction du FLN. Alors que la formation de Belkhadem s'attendait à une adhésion directe au projet du troisième mandat, le partenaire de l'Alliance a créé la surprise. «Le moment est, aujourd'hui, plus qu'approprié pour la révision de la Constitution», a-t-il déclaré lors de son intervention au conseil national, tenu jeudi dernier, sans pour autant souffler mot du troisième mandat. Contacté par L'Expression à ce sujet, Abelhamid Si Affif, membre de la direction politique du parti, s'est montré un peu perplexe. «Il s'agit réellement d'une surenchère politique», a-t-il clairement affirmé. Selon lui, il n'y a aucune explication qui justifie l'attitude du patron du RND, Ouyahia: «Je ne comprends pas pourquoi il a insisté sur la révision de la Constitution sans éclaircir sa position quant au troisième mandat», s'est-il demandé. Or, le président du Sénat, qui est de la même formation politique, a apporté son soutien au président de la République. Ce qui laisse place à plusieurs interrogations. Y a-t-il concertation entre les membres du RND? Le silence d'Ouyahia explique-t-il un rejet à l'initiative du FLN? Le secrétaire général continue de cultiver le suspense en tenant en haleine toute la classe politique. Pour notre interlocuteur, le sujet d'actualité invite toutes les formations politiques à donner leur opinion. Qu'ils soient partisans de l'Alliance ou non, les partis sont censés s'exprimer sur ce sujet qui concerne en premier lieu, l'avenir du pays. Si Affif n'arrive pas à admettre le silence radio observé par un parti de l'Alliance sur l'initiative du FLN. Pourtant, l'Alliance présidentielle, rappelle-t-il, a été créée pour soutenir le programme du président de la République. Si les partenaires n'adhèrent pas à cette démarche, Si Affif prévient que l'Alliance n'ira pas loin. Le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN l'avait déjà reconnu: «Si les deux partis ne soutiennent pas la troisième mandature, l'Alliance est condamnée à la mort», a-t-il affirmé lors de son passage au forum de l'Entv, samedi dernier. Ce message n'a pas eu l'écho escompté. Ouyahia continue de tourner le dos à son partenaire du FLN. Pourquoi? Selon Si Affif, le patron du RND n'est pas encore sûr de la volonté du président de la République à briguer un troisième mandat. Connaissant le caractère du patron du RND, notre interlocuteur explique tout simplement qu'il ne veut pas être la succursale du FLN. Ouyahia préfère attendre le signal du président de la République pour adhérer à la démarche. Si Affif reproche au patron du RND de ne pas développer ses idées sur la révision de la Constitution. «Dire que le moment est opportun pour la révision de la Constitution ne suffit pas», a-t-il relevé. Etant une deuxième force politique du pays, notre interlocuteur estime que le RND doit faire part de ses propositions sur un projet national. Si Affif trouve que le discours du secrétaire général du RND est en contradiction avec la réconciliation nationale. «En déclarant qu'aucune solution politique n'est en mesure de parer aux crimes, il oublie que la réconciliation nationale se base, dans son contenu, sur la politique», a fait remarquer Si Affif. Ce dernier n'a pas épargné le MSP. Alors que des associations et des organisations invitent sans cesse le président à se présenter au rendez-vous de 2009, les partis les plus proches restent indifférents. Enfin, le silence du MSP et du RND ne va pas décourager le FLN. Ce dernier reste déterminé à aller jusqu'au bout de son projet.