Le président du Soudan du Sud a nommé les nouveaux gouverneurs de région, selon un décret présidentiel. Les 28 nouvelles régions remplacent les dix anciennes régions, selon le décret lu à la radio d'Etat jeudi soir. Cette annonce intervient après une rencontre entre des représentants du gouvernement et des rebelles, pour la première fois mardi à Juba, pour discuter de l'application de l'accord de paix et de la formation d'un gouvernement d'unité nationale de transition. La multiplication par trois du nombre des régions et la nomination des nouveaux gouverneurs, décidées par le président Salva Kiir, risquent selon les observateurs de remettre en cause l'accord de paix signé le 26 août entre le camp du président Salva Kiir et la rébellion dirigée par l'ancien vice-président Riek Machar. L'accord est censé mettre fin à deux ans de guerre qui a vu les deux camps se livrer à d'innombrables atrocités. Mais les combats n'ont jamais cessé depuis la signature de cet accord et les deux camps s'accusent mutuellement de ne pas remplir leurs engagements. L'accord prévoyait ainsi un retrait de toute force militaire dans un rayon de 25 km autour de Juba sous 90 jours après sa signature. L'armée gouvernementale n'a commencé à s'en retirer que le 23 novembre. L'accord prévoyait également l'ouverture sous trois mois d'une période de transition, régie par des dispositions de partage du pouvoir, notamment un gouvernement d'union. Ces mesures n'ont pas encore été mises en oeuvre. Selon des sources sécuritaires et rebelles, des combats ont encore eu lieu mercredi dans l'Etat du Haut-Nil. Des représentants des rebelles et du gouvernement se sont rencontrés pour la première fois mardi à Juba en vue de former un gouvernement d'unité nationale de transition. Riek Machar a néanmoins annoncé jeudi soir dans un communiqué que «la guerre était finie» et souhaité «bonne année» à Salva Kiir. La responsable de l'ONU au Soudan du Sud Ellen Margrethe Loj a espéré hier que l'arrivée de la délégation rebelle à Juba permettrait de «commencer à appliquer l'accord» de paix. Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, sur les ruines de décennies de conflit avec Khartoum, avant de replonger deux ans et demi plus tard dans la guerre en raison de dissensions politico-ethniques au sein de l'armée, alimentées par la rivalité à la tête du pouvoir entre MM. Kiir et Machar. Le conflit, marqué par des atrocités attribuées aux deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,2 millions de personnes de chez elles.