La mort d'Ait Ahmed a relancé la bataille audiovisuelle en Algérie. Dès l'annonce de son décès, de nombreuses télévisions privées se sont évertuées à diffuser l'info, alors que la télévision publique attendait toujours la messe du 20h pour officialiser l'information. Comme pour la mort de Ben Bella et Chadli, c'est la chaîne Ennahar TV qui a mis le paquet en diffusant des dizaines de minutes de ses discours interdits jusque-là sur la Télévision nationale. Le plus curieux est que l'Entv diffusait les images d'Ait Ahmed quand il était candidat à la présidentielle alors que Ennahar Tv diffusait les images d'Ait Ahmed dans ses meetings de l'opposition, téléchargé de YouTube. Ennahar TV a aussi été l'une des premières chaînes à se déplacer avec Dzaïr TV au village de Ait Yahia, suivie ensuite par la Télévision nationale, la chaîne El Bilad TV et KBC. La majorité des reportages sont en kabyle non doublé, ce qui a renforcé la présence de la chaîne dans la région. En même temps, Echourouk News a envoyé ses reporters pour tenter de rattraper son retard. Ennahar TV et Dzaïr TV et Dzaïr News ont visiblement pris du terrain par rapport aux autres télévisions, mais ce qui est sûr, la mort de Ait Ahmed a ressorti la bataille des images, qui alimentait depuis quelque temps les deux ténors de l'audiovisuel algérien privé Ennahar TV et Echourouk TV. Chaque chaîne tente de ramener sur son plateau les amis proches d'Ait Ahmed et les politiciens qui ont connu le leader du FFS. Cette dualité entre les télévisions privées intervient devant le silence de la télévision publique qui possède pourtant des archives et des images inédites du président fondateur du FFS. Le passage d'Ait Ahmed à la célèbre émission de Mourad Chebine «Face à la presse» constitue un moment fort de télévision et un fait marquant dans la carrière du «Zaïm» du FFS et la première télévision pour l'opposant célèbre. Du temps d'Abdou B. et même de HHC, le passage du leader du FFS était considéré comme un moment sensible car toutes les émissions étaient en direct et les messages du FFS étaient considérés comme des discours d'opposants au système. Les révolutions numériques et audiovisuelles n'ont pas amélioré la télévision algérienne et le paysage médiatique algérien car le manque d'expérience des journalistes et le manque de politisation de certains des responsables de chaînes privées, a failli à la grande mission, celle d'informer et d'éduquer les futures élites politiques de la nation. Aujourd'hui, en regardant l'émission de Kada Benamar et certains journalistes qui osent critiquer les démarches du FFS et de leur leader, ils sont bien sûr à zapper. Il est vrai que depuis une dizaine d'années et l'effacement d'Ait Ahmed de la scène politique, le FFS n'est plus ce qu'il était. Et pourtant c'était ce parti qui a toujours revendiqué l'ouverture audiovisuelle aux politiques et dénoncé l'ouverture du canal de la télévision publique seulement durant les périodes électorales. [email protected]